Nekfeu n’a jamais eu peur de repousser ses limites et c’est ce qu’il fait sur ce premier album solo. Dépassant le rap technique et virtuose dont il a fait sa marque de fabrique, il comble une attente dans le rap français : celle d’un rap de jeune adulte qui ne (se) raconte pas d’histoires et préfère aux vantardises les récits mordants d’un personnage bien réel.
Bourrés de jeux de mots efficaces et de références à ses rappeurs favoris - mais aussi à Maupassant ou Kundera - ces récits vivaces imprime à « Feu » un relief humain, une épaisseur qui fait défaut à beaucoup. Enregistré entre la France, où il vit, l’Angleterre, où il a composé l’hymne funky « Reuf » avec son ami Ed Sheeran, et les Etats-Unis, qui l’inspirent depuis toujours (comme en atteste la référence à Kanye West sur « Egérie »), « Feu » cristallise l’essence du personnage : passé des battles underground aux plus grandes scènes du pays, le gamin du 14e arrondissement est devenu un jeune adulte bien dans son siècle et dans ses pompes.