Depuis le 30 avril 2025, le Mucem, dans son bâtiment Georges Henri Rivière (fort Saint-Jean), présente l’exposition « Amazighes — Cycles, parures, motifs », une exploration vibrante et immersive de la culture amazighe, portée par ses symboles, ses gestes et sa mémoire incarnée.
Derrière ce titre énigmatique, une promesse : celle d’un voyage dans le temps et l’espace à travers 150 œuvres et objets — bijoux, céramiques, textiles, vanneries, sculptures, outils, vidéos — qui racontent une culture méconnue, parfois fantasmée, mais toujours profondément vivante.
Dans le monde amazigh, se parer, tisser, tatouer, orner, ce n’est pas seulement embellir : c’est protéger, affirmer, transmettre. Les motifs géométriques, les figures animales (grenouille, poisson, tortue...), les symboles lunaires ou solaires que l’on retrouve sur les corps, les voiles, les murs ou les céramiques, portent tous un sens pluriel : esthétique, spirituel, identitaire. Ce sont des boucliers visuels, des langages secrets, des empreintes de genre et d’appartenance.
L’exposition met particulièrement en lumière la dimension féminine et cyclique de cette culture : la lune, les moissons, les rites de passage, les seuils de l’intime ou de l’espace social, tout s’articule autour de figures fondatrices, souvent maternelles ou protectrices. De la déesse mère à la potière, du bijou transmis aux mains tatouées, le fil rouge est celui d’une transmission par les femmes — invisible mais indélébile.Une culture en mouvement
Avec cette exposition, le Mucem interroge aussi la contemporanéité de l’héritage amazigh. Quelle est la place de cette culture dans la diaspora ? Comment les jeunes générations, les artistes, les créateurs se la réapproprient-ils ? Où se situe la frontière entre valorisation, appropriation ou invention ?
Le parcours intègre ainsi des œuvres modernes et contemporaines, issues des collections du musée Pierre Bergé des arts berbères à Marrakech, du Mucem, mais aussi de collections privées, pour montrer combien ce patrimoine continue d’inspirer, de questionner, de se transformer.
Cette exposition n’est pas seulement une immersion sensorielle, c’est aussi une prise de parole visuelle sur la manière dont une culture a survécu aux siècles, aux colonisations, aux migrations, tout en conservant une force d’évocation exceptionnelle. Elle fait dialoguer archéologie, artisanat, art contemporain et mémoire vivante, avec une scénographie pensée comme un rituel de passage : entre seuils, cercles, et spirales.
À voir du 30 avril au 2 novembre 2025
Mucem – Fort Saint-Jean, Bâtiment Georges Henri Rivière