La flûte n’est pas, pour Bach, la simple occasion d’explorer les possibilités techniques d’un
instrument. S’il en connaît le timbre comme les potentialités expressives, il l’intègre à des expériences formelles qui, tout en gérant des influences issues aussi bien du baroque italien que de la sphère française, révèlent une préoccupation esthétique bien plus vaste.
La flûte, aussi bien que le violon ou le violoncelle, devient le partenaire d’une structure à la fois
solistique et polyphonique, en un équilibre dont le compositeur demeure l’un des seuls à l’avoir si parfaitement et si totalement
maîtrisé. Le concert de Jean-Louis BEAUMADIER et Véronique POLTZ présente l’ensemble des
oeuvres susmentionnées dans une version pour piccolo et piano. Loin de trahir ni l’esprit ni la lettre des pages en question, ce choix ménage une continuité timbrique (de la flûte au piccolo) entre l’instrument soliste originel et ce lui d’aujourd’hui et tient compte d’une écriture de clavier qui se révèle souvent plus large, dans sa vision, que celle qui serait strictement dévolue au clavecin. En projetant vers le futur les pièces d’un visionnaire, les interprètes rendent justice à
l’Homme et l’OEuvre tout en les plaçant dans une vision perspectivale tout à fait à la hauteur de leur contenu.
Lionel Pons
JEAN-LOUIS BEAUMADIER piccolo
et VÉRONIQUE POLTZ piano
interprètent Jean-Sébastien BACH
sonates en mi mineur ,do majeur ,mi majeur ,mib majeur ,si mineur