« Comme il est plutôt classique, et moi plutôt jazz, on entend deux couleurs différentes et c’est un échange incroyable », raconte Manoukian. « Je prépare des bottes secrètes, des modulations spéciales, des rythmes compliqués, il ne va pas s’y attendre » rétorque Zygel. Comme on provoquait Liszt dans des joutes pianistiques, comme les pianistes de Harlem s’adonnaient à des duels endiablés, les deux artistes disputent une lutte enragée dans un exercice subtil tissé de variations et d’improvisations. Sur le court on sert du Brel, on renvoie du Brahms, Bach lifté, Beethoven au filet, Bill Evans en amorti et Ellington bondit dans un set sans concession.