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Rencontre avec Claude Sintes, Directeur et conservateur du Musée départemental de l'Arles Antique

Pour en savoir davantage sur cette exposition événement, rencontre avec Claude Sintes, le directeur et conservateur du musée.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 05/01/2009 - Mis à jour le 31/12/08 00:00

Le Musée départemental de l'Arles Antique présente jusqu'au 3 mai 2009 des collections du Musée du Louvre relatives à l'art romain et leur impressionnante civilisation. L'exposition retrace le mode des vie et l'art des Romains, du IIe siècle av. J.-C. jusqu'au VIe siècle. 

Quelle est la genèse de cette exposition ?
L’exposition a été commandée au musée du Louvre par les Américains. Les musées de Seattle, Indianapolis et Oklahoma City se sont regroupés pour faire une commande d’une exposition. En ce sens, l’expo a été présentée là-bas avec un grand succès, puisqu’ils ont eu plus de 100 000 visiteurs sur chaque site et le Louvre a signalé qu’à la fin de cette exposition, plutôt que de rendre ses collections dans les salles ou les réserves, ils souhaitent faire une étape française.
C’est très bien, parce que ce sont des œuvres qui pour certaines n’ont pas été vues depuis 20 ou 30 ans, parce qu’elles étaient en réserve. Le Louvre n’a pas les salles pour les présenter. Donc c’est la dernière et seule étape, où on pourra voir cette exposition hors du Louvre.

Comment avez vous fait pour convaincre le Louvre ?
C’est un résultat direct entre la signature qui a été faite entre le Conseil Général des Bouches du Rhône et le Musée du Louvre, en y associant les deux musées. C’est le Louvre qui nous a demandé ce partenariat ! On ne peut pas imaginer le contraire, puisque nous ne sommes pas dans la même cour… Mais le Louvre souhaiter diversifier ses partenariats, étant donné que l’on a énormément parlé de celui avec Abou Dhabi ou avec Atlanta, et ils souhaitaient en parallèle avoir des partenariats moins médiatisés peut être, mais aussi très forts avec quelques musées de région. Et pour l’archéologie, ils ont estimé que nous étions le seul à pouvoir répondre de cette manière. Donc c’est un grand honneur pour nous et un grand plaisir aussi.

C’est aussi lié à l’histoire de nos collections, parce que le Louvre a des collections d’archéologie romaine qui sont extrêmement prestigieuses, qui ont été achetées par des rois, un peu partout dans l’Europe, en Italie et en Grèce principalement. Mais qui ont été très restaurées. C’est à dire que, dès qu’un bras ou une tête manquait, à l’époque, du XVI au XVIIIeme siècle on n’hésitait pas, on refaisait. Donc il y a une collection d’objets entiers, mais dès qu’on les regarde avec l’œil du spécialiste on voit les éléments rajoutés. Nous nous avons le contraire, nous avons des collections qui sont issues uniquement d’Arles et de sa région proche, qui n’ont jamais été possédées par des grands personnages et donc jamais été touchées. Elles ont été restaurées, nettoyées, mais lorsqu’un élément manquait il n’a pas été remplacé.

Ce qui les intéressait, c’est une sorte de complément à leurs propres collections. En plus, nous avons ici un certain nombre d’activités qu’ils n’ont pas, comme par exemple le laboratoire de restauration des mosaïques qui est assez reconnu. On travaille pour tout le bassin méditerranéen.

Nous avons aussi des activités avec les services éducatifs qui sont très pointues. On fait pour peu de gens, alors qu’au Louvre, ils ont plus de huit millions de visiteurs. Nous, dans les meilleurs années, on est à 100 000 par an, c’est quelques heures de visites pour eux ! Donc on peut faire des choses que eux ne font pas parce qu’ils sont contraints à de la grande masse. Voilà pourquoi le Louvre a souhaité travailler avec nous.

Concernant justement cette activité de restauration des mosaïques, vous êtes amenés à travailler pour le Louvre ?
Tout à fait, on a déjà proposé au Louvre des restaurations. Et là, on a répondu à un appel d’offre pour restaurer la totalité des mosaïques du Louvre. Une partie pourrait être restaurée ici. Il n’y a que deux ateliers agréés en France, le notre et celui de Saint-Romain-en-Gal près de Lyon. Donc je pense que l’on va se partager le travail. Ce sera bien pour notre structure et parce que c’est toujours prestigieux de pouvoir restaurer les objets du Louvre.

Arelate, la Nuit des musées, le Festival des Suds. C’est une démarche forte pour le musée que d’attirer un autre public que celui qui fréquente habituellement les musées ?
C’est une démarche très forte, c’est même un axe de la politique du musée. Parce que, on s’aperçoit que lorsque l’on est uniquement dans notre monde, lié à l’archéologie et au monde romain, on a un public non-négligeable, mais j’ai la conscience que nous sommes un service public et que ce serait un peu dommage que ce ne soit que des gens qui sont très éduqués, souvent d’un bon niveau social qui viennent au musée. Cela voudrait dire que l’on ferme quelque part les portes à des gens qui n’oseraient pas franchir le pas.

Le fait de pouvoir l’ouvrir à des manifestations qui ne sont pas scientifiques peut justement décloisonner un peu. Quand on crée Arelate, cela permet à des gens de venir parce qu’ils ont un peplum, ou Asterix en tête. Ils vont venir, et comme ils sont là et qu’on fait des animations, ils ont tendance à rentrer dans le musée et ils se rendent compte que c’est aussi un lieu pour eux. Si vous ne fermez pas votre porte, si vous dites aux gens, « venez on a des choses en commun » vous allez avoir plus de public. C’est vraiment une démarche politique au sens noble du terme, celle de s’ouvrir à tout un chacun.

Le musée participe t’il aux recherches archéologiques actuelles autour d’Arles ?
On ne participe plus aux fouilles de sauvetage, sur les terrains sous le feu d’une construction. En revanche nous participons aux fouilles programmées sur des terrains qui peuvent être traités à long terme. Sur celles de la Cathédrale Saint-Césaire à Arles, dirigées par le CNRS : le musée participe à ces fouilles, nous avons deux archéologues qui y sont à plein temps durant le temps des fouilles ( en été). De même pour les fameuses fouilles du Rhône conduites par Luc Long. Là aussi, nous avons deux archéologues qui y participent. Cela permet d’avoir un pied dans les fouilles et de pouvoir prendre en compte les objets derrière, ce qui est notre spécificité. Proposer la restauration, mais aussi l’inventaire et la mise en protection de ces collections.

Exposition De L'Esclave à L'Empereur 
Jusqu'au 3 mai 2009
 

Propos receuillis par Jean-Baptiste Fontana
Photos : Pauline Volton

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