« Il était une fois… » (car cela commence comme un conte de fées) un jeune marchand d’Alcarazas et une ravissante petite Andalouse qui s’étaient juré un amour éternel. Bien que Juanito, car c’était le nom du jeune homme, ne possédât pas un maravédis, il avait fait le rêve fou d’offrir en cadeau de noce à sa belle Dolorès un château pour y abriter leur bonheur. Et, comme il était courageux, pour que les portes de la Banque d’Espagne s’ouvrent toutes grandes devant lui, il résolut de franchir celles des arènes et s’en alla à la conquête de la gloire.
Tandis qu’il combattait au loin, la petite Andalouse, songeant à son toréro, se répétait sans cesse qu’un matador est un miroir aux alouettes autour de qui toutes les femmes papillonnent. Si les Andalous sont ardents et courageux, les Andalouses sont jalouses, fières et vindicatives. Et il s’en fallut de peu que leur amour si beau et si pur ne soit brisé à tout jamais par le plus affreux et le plus injuste des malentendus.