Le suspense est à son comble, toujours cette même question existentielle : se déplacera-t-il ou non ? Le public est tout de même bien présent. La queue menant à l’entrée ne cesse de s’allonger. Dans la file, des filles, des garçons, des jeunes, des moins jeunes… Il semblerait que la musique du British mette tout le monde d’accord.
La première partie débute sous des notes de rock mielleux. Trois musiciens forment le groupe Splash Macadam. Dynamiques et féroces, ils arrivent à faire bouger les quelques têtes timides qui se sont motivées à les écouter.
Lorsqu’ils terminent, une foule s’engouffre dans le Cabaret Aléatoire, l’heure de la tête d’affiche est proche. Un quart d’heure de retard qui laisse encore plus le doute s’installer, le public commence à s’impatienter et les interrogations fusent. Sans faire de bruit, Peter Doherty s’invite sur scène et débute par un « bonsoir Marseille » avant de se lancer dans les premières notes. Petite marinière, veste grisée avec pour accessoire un petit foulard aux couleurs de l’Angleterre, pour lui rappeler ses racines, et bien évidemment sa guitare fétiche bien accrochée qu’il ne lâchera pas une seule seconde !
Sa démarche est frêle mais le dandy reste tout de même lucide. Le frottement de ses doigts sur les cordes et sa voix rocailleuse, qui laisse s’échapper des paroles mélancoliques, nous feraient presque oublier qu’il finit ses enchainements par une pinte de bière avalée en deux gorgées. Les chansons défilent, elles nous content ses peines de cœurs, ses sentiments joyeux ou haineux… Il fait rentrer son public dans son univers, son cocon ! Le déroulement est fluide et rapide mais Peter sait s’adresser à ceux qui sont venus l’applaudir. Il articule quelques mots en français qui font leur effet. Les spectateurs sont réceptifs et l’ambiance est conviviale ce qui rend le moment plus qu’agréable. Les paroles des chansons les plus connues sont reprises en chœur, notamment The Last of the English roses.
Sur scène, il est accompagné d’une jolie violoniste asiatique qui reste très discrète à gauche de la scène tout en apportant sa touche personnelle dans la musique. Parfois, deux danseuses s’invitent et dansent autour du chanteur. Il est loin le temps où Pete était un nerveux mutilé par la drogue, on le sent muri par ses expériences et les années passées. L’heure est à la confidence, au calme et cela permet de le découvrir sous son vrai visage : un artiste doté d’un talent sans limite. Le rappel est bref, une chanson et le pète écorché vif salue son public. En guise de remerciement, il jette des cannettes dans la foule. Finalement, il ne changera pas aussi facilement !
Le moment était court mais réellement intense, Peter Doherty a su transporter son public pour sa première date à Marseille. Encore une fois, il a montré que même sans les Babyshambles il se démène et sait offrir un beau spectacle.
Clémentine Carreno