Chanteuse réaliste rétro-kitch voilà qui résumerait en quelques mots cette drôle de bonne femme. Mais 4 mots c'est peut-être un peu réducteur vu le phénomène auquel on a à faire.
Car Zaza Fournier c'est un mélange de styles qui fait tourner la tête et gigoter les gambettes. Mais c'est aussi des textes : vie à deux, petits soucis et gros tracas, l'amour est son sujet de prédilection. Ca peut paraître légérement gnan-gnan mais sa vision reste unique : elle devient une chroniqueuse impitoyable des rapports de couple sans pour autant cracher sur l'auto-dérision.
Un look un chouille rétro avec son piano à bretelles autour du cou, on la croirait sortie d'un cabaret. Son accordéon l'accompagne sur scène et paradoxalement son i-pod également.
Zaza c'est fait connaître en chantant dans la rue et c'est pour notre bonheur qu'elle chante désormais dans les salles de concert. Un phénomène à ne pas rater.
Après une petite pause suite au succès de son premier album, Zaza Fournier est de retour avec « Regarde-moi » sorti en mai 2011.
> www.myspace.com/zazafournier
Interview
Vendredi 30 janvier 2009 se produisait Zaza Fournier sur la scène du Cargo de Nuit à Arles. Retour sur cette rencontre avec cette artiste hors du commun.
Cours de comédie, chanteuse, as-tu toujours souhaité être une artiste ?
J’ai toujours eu l’ambition folle que les gens payeraient pour me voir faire quelque chose, ce qui est un concept assez absurde, mais au départ c’était vraiment le théâtre. Je n’ai jamais eu l’ambition de faire un disque car je pensais juste que je n’avais pas assez de talent pour le faire. Très jeune j’ai fait du théâtre, j’étais au conservatoire jusqu’encore l’année dernière et la chanson c’est arrivé par accident. C’est parti d’un truc très simple, il fallait que je puisse payer mes études, mon loyer etc…J’en avais marre de faire des petits boulots qui me frustraient beaucoup, donc je me suis dit, pourquoi pas essayer de descendre dans la rue et chanter mes chansons. La première fois que j’ai chanté devant des gens c’était dans la rue. 
Cette passion pour la musique, comment est elle arrivée ?
Très jeune. On a toujours écouté de la musique à la maison, j’ai pris pendant 10 ans des cours de violon, j’ai appris le piano, la guitare. C’était quelque chose d’important à la maison, il fallait apprendre à jouer d’un instrument. Après, j’ai eu un espèce de truc d’émancipation à un moment, parce qu'au conservatoire j’étais complètement prisonnière de la technique. Je n’arrivais pas à jouer du violon sans partition. C’est pour ça que j’ai choisi de ne pas avoir un cursus classique, je voulais voir ce que cela faisait d’être libre avec son instrument.
Pourquoi l’accordéon plutôt que le violon ?
Je pense que c’est d’abord quelque chose de puéril, par opposition à mes parents. Quand on a 15 ans et qu’on vous impose quelque chose on veut dire merde, moi j’ai envie de choisir ce que je veux faire avec mes doigts. L’accordéon m’est arrivé par la sœur de mon père qui en joue. Je passais toutes mes vacances chez elle, c’était une sorte d’idéale féminin, de liberté. Pour moi l’accordéon c’était pas du tout un instrument ringard, au contraire c’était plutôt rock’n’roll et sexy.
Comment s’est fait la création de ton premier album ?
En chantant dans la rue on m’a fait des propositions pour jouer dans des bars, des petits théâtres, j’en faisais quatre, cinq fois par semaine, c’était vraiment un petit boulot. Au bout d’un an et demi, j’avoue je me suis un peu fatiguée parce qu’il y a vraiment des moments géniaux mais aussi des moments où il y a trois ivrognes dans le bar et qu'on ne vous entend pas. Quand on chante ses chansons on a toujours cette ambition idiote de vouloir être entendu. A côté de cela, on a commencé à faire des maquettes à la maison avec Jack Lahana et Rob. C’était juste parce qu’on avait le temps de le faire. C’était d’abord un honneur pour moi de me dire que ces mecs là pouvaient être intéressés par mes chansons. C’est eux qui m’ont poussée à aller voir de gens et démarcher un peu. Avec les maisons de disques après ça été assez rapide. Warner m’ont appelé et le lendemain ils m'ont fait une proposition.
Je sais que c’est compliqué de faire de la musique et d’être libre dans ce que l’on fait. Moi il se trouve que c’est tout l’inverse et je pense que c’est important de la dire, car c’est possible.
Sujet essentiel de tes chansons, l'amour, la relation entre les hommes et femmes, tout cela, c'est du vécu ? Femme distante anti chichi amoureux ou grande passionnée : qui es-tu vraiment ?
Je suis comme tout le monde, je suis les trois. Je n’aime pas choisir, moi ce qui m’intéresse c’est de faire un disque qui parle des relations humaines au sens large. Les paradoxes, les contradictions. Ca m’arrive d’avoir envie de me jeter à corps perdu dans une histoire, de tout livrer, de faire l’amour toute la journée et le moment d’après d’avoir envie d’être très très loin, seule et complètement isolée. On est tous tout à la fois je crois.
Look rétro kitch zaza Fournier c'est un personnage que tu as voulu crée ou tu es vraiment comme ça ?
Je n’ai rien prémédité. D’abord j’aime la mode, après je viens du milieu du théâtre, j’ai un goût de la mise en scène, de tout ce qui est visuel. Je ne crois pas aux personnages, je crois que ce qui m’arrive sur scène c’est juste pour forcer les traits de mon caractère et me permettre d’être plus libre.
C'est un choix d'être accompagnée sur scène d'un ipod plutôt que de musiciens ?
Au départ c’était un choix pratique conseillé par un directeur artistique. C’était intéressant de pouvoir jouer seule partout et en fait après coup je me suis rendue compte que ça parlait aussi de mon travail. Associer cet objet moderne de notre époque avec l’accordéon un peu rétro ça me plaisait.
Actuellement sur les routes de France, comment se passe ta rencontre avec le public ?
Ca dépend, il n’y a pas de règle, j’ai fait un concert à Nancy c’était fabuleux. C’était la première fois que je ressentais ça : la première fois qu’on m’appelait avant que je rentre sur scène, que les gens connaissaient mes chansons par cœur, c’était plein, c’était dingue. C’était mieux que faire l’amour je crois !
Pauline V et JBF
