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Berengère Krief : rencontre avec une artiste drôle et intelligente

Berengère Krief est l'une de nos plus belles rencontres. Nous avons été conquis par l'humilité et surtout l'intelligence de l'artiste. Son one-woman show est en tournée et de passage dans le sud de la France. Interview.

Publié par Redac . le 21/10/2015
Berengère Krief : rencontre avec une artiste drôle et intelligente

Comment avez-vous débuté ? 

"J'ai commencé le théâtre très tôt, j'avais 9 ans. J'ai suivi un parcours scolaire normal jusqu'au bac, et ensuite je suis allée à la fac, mais j'ai continué le théâtre en loisir comme ça. Une fois que j'ai fini la fac je me suis dit que soit j'en faisais mon métier, soit ça devenait uniquement un loisir. J'ai alors essayé d'avoir une formation. J'ai fait l'Acting Studio à Lyon, une formation en six mois où on faisait 8 heures par jour. Avec ça je me suis dit que je verrais si ça me plaisait ou pas ! Ca a duré six mois et ça ne m'a pas lâché, et j'ai ensuite eu l'occasion de faire plusieurs pièces comme le Songe d'une nuit d'été. On était alors en 2005, je suis partie à Paris l'année d'après. Je me suis lancée, je me suis dit "j'y vais et on verra ce que ça donne".

J'avais envie de faire du one man show depuis un moment, j'avais découvert Eli Kakou vers 10-11 ans chez mes cousins dans le sud et je trouvais ça extraordinaire. C'est ça qui m'a donné envie de faire du one man show, mais je ne savais pas trop comment m'y prendre. Au bout de quelques années à Paris, j'ai découvert un café théâtre, un petit café théâtre où on vient voir des gens pas connus qui font des sketches. J'y ai vu des gens qui démaraient et je me suis dit que ça devait être là qu'on commence. J'ai fini par me lancer, à l'âge de 27 ans quand même !"

"J'y vais et on verra ce que ça donne !"

Est-ce difficile quand on vient d'une formation classique de passer à l'humour ? 

"J'étais quand même toujours dans l'humour, c'est surtout le passage à la forme en solo qui a été compliqué. Ca a été dur pour moi d'être seule sur scène, à la fois j'en avais envie et ça m'angoissait aussi beaucoup. C'est pour ça que j'ai mis un peu de temps. Aujourd'hui je me suis habituée c'est plus simple, mais j'ai toujours une appréhension.

Quand on est plusieurs on partage aussi bien les galères que les applaudissement, et les moments difficiles. Là on partage rien donc quand ça se passe bien, c'est une tonne de reconnaissance, qui est grisante, et quand ça se passe moins bien c'est plus compliqué."

Vous avez déjà connu un vrai flop ? Une soirée où personne ne rit ? 

" (rires). Je ne vais pas vous le dire, sinon personne ne viendra ! Ce n'est jamais arrivé que les gens ne rient à aucunes vannes. Par contre c'est un spectacle qui se crée, on ne sait pas ce qui va être drôle ou pas. Parfois les gens ne rient pas parce qu'il y a trop de mots, ou que ça ne les fait pas rire simplement. Le travail du one man show est là. Un spectacle se teste et se construit. Il faut rebosser rebosser tout le temps. Des fois on trouve que c'est marrant, on tente et ça marche ou ça marche pas."

Quelle place accordez-vous à l'improvisation dans vos spectacles ? 

"Le spectacle est écrit, mais dans cette rigueur on trouve la liberté d'improviser quand il se passe quelque chose dans la salle. C'est toujours un plaisir aussi de rebondir, de sortir du cadre. Le seul risque qu'on prend c'est qu'on ne sait plus où on en est après ! Mais j'aime beaucoup ces moments d'improvisation, qui donnent un caractère unique à la représentation aussi. C'est plus agréable que de calquer son spectacle tel qu'il est, et de pas sortir de tout ça."

Est-ce difficile d'être une femme qui fait des blagues ? Le monde du one man show est-il plus accessible aux hommes ? 

"Pour moi ça ne change rien. Quand je l'ai fait je ne me suis pas dit "olala ça va être difficile par rapport aux garçons". Après sur le terrain la seule difficulté qu'on a c'est que les garçons se sont entraînés toutes leurs vies à faire des blagues avec les copains, pour éviter de parler d'eux-même. Du coup ils ont un truc différent de nous. Parce que nous on aime bien parler de nous. Les filles ont tendance à être sur du ressenti, et c'est deux humours différents. La seule différence aujourd'hui c'est qu'on a été habituées aux femmes avec un humour masculin, et l'humour féminin est différent mais n'est pas moins bien, on n'a même pas à comparer en fait.

J'écris avec un auteur de sexe masculin, et c'est vrai que le mix de nos différences donne un truc à la fois sur l'émotion et sur des vannes qui créent un vrai rire chez le spectateur. C'est ce que je veux aussi, que les gens sortent de la salle en ayant ri ! Que le spectacle soit un vrai divertissement, que les gens se sentent vidés, s'ils ont des soucis qu'ils oublient tout. "

"J'ai l'impression que les gens passent un bon moment, peut être que je me trompe, mais si je me trompe pas j'en suis ravie !"

Ce n'est donc pas un spectacle girly, réservé aux filles.

"C'est unisexe oui ! C'est vrai que quand on est une fille, on ne sait pas qui a dit ça d'ailleurs, on a l'impression que les gens croient qu'on ne fait que de l'humour girly. C'est vrai qu'il y a eu une vague girly dans le spectacle, on s'est dit que les filles n'avaient qu'à faire des spectacles pour elles entre-elles et que ce serait plus rigolo. Je sais pas pourquoi.

J'ai travaillé pour que personne ne se sente oublié, c'est familial homme/femme. C'est une volonté dans l'écriture et dans le jeu. Souvent les garçons accompagnent leurs copines, les mecs gentils qui veulent faire plaisir et ils se marrent, je les vois. Ya même des bandes de mecs qui viennent entre-eux sans leurs nanas. J'ai l'impression que les gens passent un bon moment, peut être que je me trompe, mais si je me trompe pas j'en suis ravie !"

De quoi parlez-vous dans votre spectacle ? De vous ? 

"Beaucoup d'autodérision. Les sujets sont vastes, je parle de la peur des guêpes, de la télévision, de l'amour est dans le pré. Je parle des garçons, des filles, des différences qu'on peut avoir. J'ai des personnages, mon copain Laurent qui est homosexuel, qui voit des homosexuels partout et qui a des théories là-dessus. J'ai ma copine Salomé bobo à mort. Il y a plein de personnages, c'est un spectacle qui est lié. Quand je suis sur scène, tout s'enchaîne il n'y a pas de coupures. 

Vous êtes en tournée dans le sud. Un mot pour vos spectateurs ? 

"C'est la première fois que je viens dans le sud, et je suis ravie de venir y jouer ! J'espère que tous les gens qui me disent "à quand à Nice", "à quand dans le Sud" seront là, parce que je suis contente d'y être. "


 

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