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Ces affluents qui irriguent la danse

Point d’orgue des célébrations des 30 ans du ballet Preljocaj, le week-end des 19 et 20 septembre derniers a été l'occasion pour le public aixois d'assister à de nombreux événements.

Publié par Redac . le 04/10/2015 - Modifié le 14/10/15 11:51
Ces affluents qui irriguent la danse

Il y avait d’abord une grande « open barre » offerte au public et orchestrée par Guillaume Siard suivi de « Paysages » immense rassemblement de près de 150 danseurs amateurs reprenant des éléments de chorégraphiques d’Angelin Preljocaj et emmené par les danseurs du GUID sur le parvis du pavillon noir.

Un beau succès, très applaudis par un public nombreux et ravi de la présence d’Angelin Preljocaj venu exprimer son émotion à l’issu de cette présentation. Puis il y avait de très belles choses à voir comme « Retour à Berratham » la nouvelle création du chorégraphe présentée cet été dans la cour d’honneur du palais des papes.

Certaines scènes se sont affinées, ont légèrement évoluées depuis Avignon et la pièce toujours aussi belle et sombre a, à l’évidence, gagné en rythme et en dynamique avec toujours Aurélien Charrier et Emilie Lalande magnifiques entre force et fragilité.
Point d’orgue de cette fin de semaine les danseurs du Ballet Preljocaj présentaient leurs propres propositions chorégraphiques sous le nom « les Affluents ».

Pierre et le loup

Dans l’après-midi, Emilie Lalande nous proposait « Pierre et le loup » dans la salle de création sur la base du célèbre conte musical de Serguei Prokofiev une adaptation pleine de créativité puisqu’elle a su utiliser à merveille les contraintes du lieu et de la danse pour proposer une pièce pleine d’humour et de bonne humeur. Décors dessinés au mur, description de l’action par la chorégraphe devenue narratrice.

Les 6 danseuses et danseurs visiblement enthousiastes d’interpréter les personnages caricaturaux du conte devant des enfants ravis s’en donnaient tous à cœur joie pour notre plus grand plaisir. Une mention toute particulière au rôle du canard (Nicolas Zemmour) et à celui du grand-père (Simon Ripert) dont les mimiques et la gestuelle firent merveille pour auprès des enfants et des parents alors que dans le rôle de Pierre, Jean Charles Jousni nous livrait une très belle performance physique.

Une œuvre jubilatoire, conçue pour le jeune public mais qui fit mouche auprès des spectateurs de tous âges.

Absentia

Première pièce de la soirée, Absentia de Liam Warren est un solo qui mêle à la fois force et dépouillement. Le chorégraphe canadien explore l’impression du corps dans l’espace et pose la question de son empreinte non pas en tant qu’individu mais au sens organique et plastique. Sur une bande son minimaliste et une scène habilement habillée de lumière, on assiste à un cycle de vie de ce corps ni tout à fait homme ni tout à fait machine qui évolue telle une mécanique qui s’emballe. La disparition de ce corps dans le noir ou dans la lumière stroboscopique, son absence qui donne le nom à la pièce, révèle en négatif sa présence dans l’espace et nos esprits.

Un vrai choc, qui doit tant à son écriture chorégraphique bien sûr qu’à la formidable prestation du danseur danois Marco Herlov Host.

TrES-2b

TrES-2b, du nom d’une planète extrasolaire est une pièce de Baptiste Coissieu, où le chorégraphe se met en scène avec le danseur Sergio Diaz dans un univers évidemment fantastique. Les deux artistes y incarnent 1.272±0.041 Rj et 1 495±17 K deux extra-terrestres en mission scientifique sur notre Terre.

Un propos farfelu pour une pièce qui ne l’est pas. Si l’autodérision et le grotesque que l’on attendait à la lecture du propos sont bien présents dans ce duo, Baptiste Coissieu nous livre au final un univers parfois inquiétant et dérangeant. Le spectateur oscille continuellement entre le désir de rire aux expressions de ces deux personnages et l'ambiance parfois oppressante qui se dégage de ce monde comme perdu entre deux dimensions.

Bro

Dans « Bro », abréviation de brother c’est-à-dire le frère, Nicolas Zemmour explore en solo la notion de fraternité sous toutes ses formes, il pose la question de la dualité des termes de frère et de fils et de leurs limites. La fraternité se fait-elle au détriment de la notion de filiation ?

D’abord basée sur une prise de parole humoristique, la pièce évolue crescendo vers une danse énergique entre espoir et désespoir avec en voix off les réflexions de l’artiste.

Une très belle interprétation de Nicolas Zemmour aussi à l’aise dans ses prises de paroles que dans son art de la danse.

D3sirs

Caroline Jaubert présentait D3sirs une pièce à la croisée des disciplines, musique, danse et théâtre. D3sirs nous plonge au milieu du couple. Au milieu de la scène, une table longue et monumentale qui occupe la scène de toute sa longueur.

A gauche il y a la femme incarnée par une chanteuse aux accents jazzy qui interprète summertime tout en délicatesse, à droite il y l’homme incarné par l’acteur Laurent Cazanave.

Il cherche le dialogue ses mots d’abord sont ceux des habitudes du couple, ces mots ternes que l’on dit parfois sans passion sans presque y penser. Le ton monte il exprime son désespoir tout en force et en éclats.

Sur la table Caroline Jaubert et Aurélien Charrier dansent avec douceur, se cherchent, se perdent et se retrouvent comme le souvenir ou l’âme de ce couple en crise. Une pièce extrêmement touchante, une vraie émotion qui est passé comme un souffle.

Didier Philispart

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