Le Grand Bal
Jean Charles Gil offre un cadeau aux danseurs de sa compagnie et au public en invitant Sharon Fridman chorégraphe innovant dans ses murs.
"Le grand bal", un partage d'émotions dansées.
Tout commence silencieusement ou plutôt au son des respirations et des pas feutrés des danseurs. Une ronde comme un monde intimiste, qui s'agrandit, s'étire et se rompt jusqu'à se construire à nouveau et comme miniaturisé dans la forme duo.
Dans ces duos la proposition chorégraphique est tournée vers la forme circulaire et toutes ses possibles dérivations, spirales, etc. L'innovation et l'implication de la force physique des partenaires est caractéristique du travail de recherche de Fridman, laissant apparaître le poids des corps se liant et s'alliant jusqu'à la rupture du souffle et des êtres. La circulation ininterrompue des corps des partenaires alternant lenteur délicate et fulgurances passionnées.
Sharon Fridman est un invité de marque dans la danse française, un chorégraphe précieux. Sa danse généreuse offerte aux interprètes du Ballet d'Europe permet notamment de révéler Ludovick le Floc'h et Valentino Bertolini-Roussille dans une nouvelle dimension de puissance et de grâce.
Désincarné
Jean Charles Gil vivement attiré par le travail protéiforme du plasticien Toma-L, rencontre l'homme et de là nait une pièce chorégraphique unique : "Désincarné".
Une exploration de la nouvelle d'Olivier Sacks "la femme désincarnée". Un ballet des êtres et des oeuvres nourri d'échanges et d'influences mutuelles.
Mais attention, nous ne sommes pas là dans un énième happening danse bodypainting ou toile en direct. Toma-L et Jean Charles Gil ont trouvé une nouvelle voie dans le mélange de leurs arts, entrelaçant harmonieusement le besoin viscéral d'expression de l'un et la délicatesse et la perfection de l'autre.
Les pièces de Toma-L en plateau ne sont absolument pas perçues comme un décors mais plutôt comme des corps supplémentaires se mêlant à la troupe. Le contact des danseurs et des œuvres est permanent et nourrit de nouveaux rythmes, des perceptions de matières différentes. Sur le plateau deux peintres géniaux dialoguent et expérimentent dans les corps et les matières. Leur propre poésie semble leur échapper pour nous être offerte. Deux chorégraphes jouant avec les danseurs et les pièces de sculptures, la force des couleurs et la peau des interprètes, l'animalité de la figuration libre et l'ensemble sophistiqué d'une chorégraphie.
Une œuvre à voir absolument, ainsi que l'exposition de Toma-L.
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Agnès Rosa-Sentinella / Photo Didier Philispart
