Bonjour Wax Tailor. Vous repartez en tournée avec votre dernier album Dusty Rainbow from the Dark. Vous le décrivez comme un album concept. Alors, c'est quoi justement son concept ?
Le point de départ, c'est d'avoir un narrateur qui survole un peu l'atmosphère du disque, avec une voix un peu planante qui soit omniprésente sur le disque. J'avais ça en tête depuis très longtemps, et je suis parti de cette idée là pour construire ce disque, avec aussi des intentions en terme de son, de revenir à quelque chose d'articulé autour de matières samplées, de brides, de vinyles. Après, je suis parti sur un thème qui était le pouvoir d'évocation de la musique que j'ai pris comme thème assez large. De fil en aiguille, j'ai d'abord travaillé sur la musique, et puis l'histoire s'est greffée assez rapidement.
On arrive à construire un fil conducteur tout au long de cet opus ? Même avec des chansons qui ne se ressemblent pas forcément.
Oui, bien sûr, parce que pour moi, ce qui est intéressant, c'est justement le fait qu'elles ne se ressemblent pas. C'est un peu comme si on faisait l'analogie avec un film : C'est un scénario, avec une suite d'actions, de scènes plus ou moins de contemplation ou d'action. Et au final, on a quelque chose qui ressemble un peu à la vie, avec toutes ses nuances. J'aime bien cette idée là. Puis j'avais envie de faire cette histoire qui est un conte, une petite allégorie sur le pouvoir d'évocation de la musique. Et puis ça reste quand même un album, et ça peut aussi d'écouter de façon tout à fait normale.
Comme à votre habitude, on retrouve de nombreux invités sur cet album, et des noms prestigieux : Aloe Blacc, Jennifer Charles et bien sûr Charlotte Savary. A quel moment vous les intégrez au projet, dès l'écriture vous savez que c'est lui et pas un autre que vous souhaitez inviter ?
C'est la musique qui arrive en premier. C'est elle qui guide tout. Je travaille vraiment sur l'idée que je dois avoir un titre en tête pour aller vers quelqu'un, que ce soit un chanteur ou un rappeur. Je suis assez directif par rapport à ça. C'est aussi un garde fou pour vraiment garder le contrôle de mon disque et en rester le réalisateur.
Wax Tailor, c'est aussi un univers très cinématographique. Derrière l'écrite de l'album, on sent qu'y a un travail particulier dans la conception et réalisation des clips. Il font partie intégrante de votre projet?
Le clip pour moi est un média intéressant. D'abord l'image, d'une façon générale, c'est quelque chose qui m'intéresse. J'ai eu l'occasion de travailler un peu pour le cinéma aussi et j'espère que cela se représentera aussi. J'ai eu pas mal de propositions, mais après c'est aussi des histoires de planning. Mais ce que je trouve intéressant, c'est que c'est souvent la musique qui est au service de l'image dans ce que l'on voit au cinéma. Et le clip, c'est un moment où d'un coup, c'est l'inverse. On se retrouve avec une image qui vient servir le propos de la musique. C'est un dialogue, et je trouve ça intéressant.
De façon plus globale, j'ai la chance d'avoir réussi à convaincre pas mal de réalisateurs pour travailler. Surtout sur la préparation du spectacle, j'avais vraiment envie qu'on travaille complètement sur ces données visuelles, avec un vrai travail de décor projeté et d'immersion. J'ai travaillé pendant neuf mois avec une vingtaine de réalisateurs qui m'ont accompagné dans le processus. Tout a été remis en image pour proposer une nouveau spectacle.
On pourrait presque se rapprocher du ciné-concert ?Disons que la nuance, c'est que j'essaye de me garder une liberté dans les formats, avec aussi la possibilité d'avoir un dialogue. Je n'ai pas envie de me renfermer ni dans un ciné-concert, ni dans une comédie musicale. J'ai besoin d'avoir des aller-retour, d'avoir la possibilité de parler avec le public. Mais oui, il y a une construction un peu particulière. Il y a des chapitres. L'album est construit sur des temps, la narration est présente.
Et puis il y avait aussi l'enjeu de réintégrer les anciens titres. Je n'avais pas envie de jouer exclusivement le nouvel album. C'est frustrant par fois pour le public de ne pas entendre des titres qu'on aurait voulu réécouter. On a essayé de trouver un peu la jonction de tout ça.
On retrouvera des artistes invités sur l'album sur cette tournée ?
Il y a eu un effort particulier dans ce sens là. On part avec une équipe d'une quinzaine de personnes. J'ai quatre musiciens sur scène, plus quatre chanteurs qui m'accompagnent sur scène pour mettre tout ça en forme. Avec une belle équipe derrière aussi.
Revenons au cinéma. On se souvient de votre collaboration avec Cedric Klapisch sur Paris. Vous avez d'autres projets en cours ?
J'ai reçu pas mal de propositions, mais la problématique, c'est d'abord mon planning. Entre la tournée, le studio, puis le fait que je sois aussi mon propre producteur. Aujourd'hui, c'est quelque chose qui m'intéresse vraiment, et je vais essayer de me rendre disponible dans le futur.
Ce sera la jonction entre un projet qui me parle et où j'ai le sentiment d'avoir quelque chose à apporter. Si ca se présente, oui, ça fera partie de mes projets futurs.
Wax Tailor en concert dans le sud prochainement :
Jean-Baptiste Fontana / photos H.Denoyelle