Il est rare de voir un jeune rappeur faire autant l’unanimité entre les tenants de la old-school et la nouvelle génération. En ce sens, Benjamin Epps est un phénomène, pas simplement parce qu’il est adoubé par ses pairs mais surtout parce que son flow sort du lot, parce que ses punchlines sont imparables et que ses lyrics piquent, aussi lucides et fulgurants qu’imbibés d’un ego-trip propre au hip-hop. Son premier album compte des collaborations avec MC Solaar, Angélique Kidjo, Isha… Sans surprise, le MC franco-gabonais vise le titre et le trône et, nul doute, qu’à chaque titre, il s’approche un peu plus de la couronne.
Quand la transe extatique d’un orchestre traditionnel haïtien se frotte à l’électro d’un duo bruxellois, la connexion se fait instantanément inflammable, fougueuse et contagieuse. Formé aux Gonaïves, Chouk Bwa manie les polyrythmes complexes du rite congo haïtien et ses chants rugissants dans une célébration de la mystique vaudou. Pour baigner ces incantations de vibrations synthétiques, The Ångströmers joue à touches impressionnistes, fines et dosées, de réverbes et de saturations dub-électro. Juste ce qu’il faut pour attiser le feu sacré.
DJ, producteur et percussionniste revendiqué tropicaliste, Déni Shain s’est fait l’expert des sets les plus torrides, arrosés de vibrations lusophones, africaines, caribéennes et latino-américaines. Vingt années d’odyssée à travers le monde et des compilations qui font référence (Space Écho, Pop Makossa ou Mama remix – 1 million de stream !) l’ont définitivement installé comme un digger d’exception et un spécialiste des groove qui suintent au point de se faire adouber par Gilles Peterson himself. Une pointure du tropical clubbing !
Sur la foisonnante cartographie des musiques mûries sous les latitudes antillaises, Dowdelin tient un cap à part. Au cœur de l’Atlantique Noir, le quartet affole les boussoles avec des groove caribéens, des steeldrums adoubant la synth-pop, un funk afro-futuriste, une electro-biguine mutante et un jazz créole qui fleurissent en liberté sur les dance-floors. Dans ce mélange inclassable, la langue créole tournoie et célèbre ses messages d’amour, de combat, de fraternité et de mémoire. Un hymne Kreyol chaloupé à la mondialité éclairée.
Reggae, baile funk, bossa muffin, forro, cumbia, ska ou dub ardent, Flavia Coelho fait la noce à toutes les musiques qui fleurent bon le soleil d’été. Dans la grande tradition des soundsystems jamaïcains qui ont bercé sa jeunesse dans le Nordeste brésilien, Flavia déploie son inimitable flow et ses mélodies catchy sur des riddims originaux, remix et classics, du plus roots au plus électro. La charismatique carioca chemine de groove tropicaux en impros inspirées avec la même dextérité. Et comme la scène est un terrain de jeu qui se partage, elle convie des guests très spéciaux pour son soundsystem solaire.
Trompettiste star du jazz, Ibrahim Maalouf a depuis longtemps décloisonné les cases où l’on pourrait le confiner. Pop, chanson, musique du monde, rock, conte pour enfants ou création symphonique, le virtuose franco-libanais impose son empreinte sur toutes les esthétiques explorées. Ses dernières aventures le portent sur les terres fertiles de la Great Black Music avec Capacity to Love, un album qui chemine entre les musiques urbaines afro-américaines, rap, soul ou encore funk. Toujours imprégnées des inspirations géniales d’un artiste total.
Né en France d’une mère anglaise et d’un père américain, James The Prophet connaît une ascension proprement fulgurante depuis ses débuts précoce en 2018 : validé en un temps record par Booba, invité régulier de plateaux TV et dégainant des collaborations à la chaîne, la trajectoire de ce jeune rappeur n’a rien de celui d’une comète. Plutôt d’un astre appelé à briller pour longtemps. Car son flow dévastateur, son aisance en freestyle et ses escapades soul, pop, funk ou jazzy, placent ce Prophet tout simplement sur une autre planète. Les pieds ancrés dans la old-school et la tête dans les étoiles…
Avec sa voix de velours posant immédiatement des climats d’intimité, Lynn aka Big Boy Lynn fait la noce avec les sonorités de soul, de bossa, de nu-jazz ou de R’n’B. En anglais ou en français, ses mélodies se colorent d’émotions passionnelles, entre relations amoureuses chaotiques et mélancolies chaleureuses. Dans cette ambiance doucement chill, la jeune chanteuse fait briller son timbre de voix et laisser parfois percer un flow insaisissable quand les productions se font hip-hop et plus enlevées. Une artiste caméléon au groove langoureux.
Emblème d’une péninsule hellénique en pleine effervescence, baignée des courants de la pop mondiale tout autant que des répertoires traditionnels d’Asie Mineure du XIXème siècle, Marina Satti, jeune athénienne aux origines soudanaises, incarne cette jeunesse décomplexée qui danse sur les beats hip hop, les chants polyphoniques, les échos balkaniques et la fièvre électro. Son titre Mantissa, devenu viral sur Youtube, la place comme un véritable phénomène sociétal qui fait naître dans une crise sans fin le renouveau inespéré de la musique grecque.