Nicolas Ziani, scientifique référent et biologiste fondateur du Groupe Phocéen d'Etude des Requins, nous livre ses réponses sur les requins que l'on peut croiser sur nos côtes provençales et qui effrayent autant qu'ils fascinent.
3.83 de long, corps effilé, dos bleu ardoisé et ventre blanchâtre...C'est bien un requin bleu qui a été vu ce mercredi 27 juillet, à Hyères, précisement à la plage de Port Hélène à proximité de l'Almanarre.
C'est une femelle venue pondre ses oeufs : "il s'agit d'une femelle car nous avons constaté une absence d'organe sexuel externe, ce qui caractérise les femelles. De plus, elle est gestante", explique Nicolas Ziani, fondateur du Groupe Phocéen d'Etude des Requins, titulaire d'une formation scientifique spécifique à l'étude ichtyologique des requins et des raies.
Durant l'opération de sauvetage, l'accès à la plage de Port Hélène et à la digue donnant sur l'hôpital San Salvadour ont été au public pendant l'opération de sauvetage. L'objectif n'était pas tant de protéger d'éventuels baigneurs, mais de permettre aux scientifiques d'étudier l'animal sans le stresser.
Le signalement de ce requin bleu à proximité du rivage de la plage de l'Almanarre a été fait tôt dans la matinée auprès de la municipalité. Des scientifiques du Groupe Phocéen d'Etude des Requins et du CNRS sont intervenus pour comprendre le comportement de cet animal.
Le requin bleu représenterait peu de dangers pour les humains. Vivant au large, se nourrissant de poissons et de céphalopodes, il est en effet rarement responsable d'attaques envers l'Homme. Dans le monde, on recense malgré tout 13 attaques dont 4 mortelles mais aucune n'a jamais été signalée sur nos côtes.
Toutefois, comme pour tout animal sauvage, il peut, en voulant se défendre s'il se sent menacé, devenir agressif et donc dangereux. C'est pourquoi, il est important de : "ne pas toucher l'animal, laisser intervenir les spécialistes et éviter de vouloir faire seul le sauvetage", demande Nicolas Ziani.
"Il s'agit d'un requin bleu, l'espèce est assez dynamique en période estivale", indique Nicolas Ziani. En effet, les requins migrent et font partie des espèces ectothermiques, c'est-à-dire qu'ils adaptent leur température corporelle à l'environnement. Leur venue près des côtes n'est donc pas directement la conséquence de la hausse des témpératures de l'eau. A Hyères : "l'animal tourne en rond simplement car il cherche un endroit où faire naître ses petits", décrypte Nicolas Ziani. A noter qu'une femelle met au monde en régle générale, 25 à 50 petits mais il arrive que ce chiffre atteigne les 135 en une seule portée. La reproduction est donc très utile pour maintenir l'espèce en vie.
"C'est un comportement classique chez les requins bleus", indique Nicolas Ziani. "Il vient pour donner naissance à ses petits", poursuit-il. En effet, la femelle est gestante, et son comportement est dit "courant" pour la période estivale dans laquelle nous nous trouvons en ce moment. "La méditérannée et le golfe du Lion servent de nurserie aux requins bleus", va même jusqu'à annoncer Nicolas Ziani. Cette zone de nurserie, au niveau des côtes est choisie par l'animal de façon à ce que ses petits restent en zone protégée jusqu'à ce qu'ils atteignent 1m30 et puissent rejoindre les adultes au large.
Le requin bleu est élancé avec un long museau, sa coloration est bleue sur le dessus et blanche sur le dessous. Pour le distinguer des autres espèces, Nicolas Ziani, conseille de se fier à la forme de l'aileron : "son aileron est assez triangulaire, plutôt arrondie aux extrémités et pas très haut".
La Méditérannée regroupe 50 espèces différentes de requins, parmi eux : le requin bleu donc, le requin mako, la petite roussette, le requin taupe, le requin marteau, le requin griset, le grand requin blanc, les requins-renards, le requin pèlerin et de nombreux autres.
"Le plus redouté, le requin blanc est éteint à 98% ici en Méditérannée", indique Nicolas Ziani."Toutes ces espèces vivent au large de la méditérannée" il y a donc très peu de chances de se faire attaquer par un requin blanc en se baignant sur nos plages.
"A craindre, pas de nouvelles espèces à venir avec le réchauffement climatique, plutôt une modification des comportements, des systèmes de reproduction des espèces déjà présentes en méditérannée", estime Nicolas Ziani.
"Le requin bleu est en danger d'exctintion à cause de la pêche", déplore Nicolas Ziani. En effet, les requins bleus font souvent l'objet de prises accessoires lors de pêche et ses proies se rarifient à cause de la surpêche de poissons.
L'Union internationale pour la conservation de la nature, (UICN), considère que cette espèce de requin est non menacée à l'échelle mondiale mais en danger critique d'extinction en Méditerranée depuis 2016, soit au niveau de menace le plus élevé.
"En ce moment, il y a collaboration avec une équipe mobile du Parc national de Port-Cros et Porquerolles pour tracter l'animal en sécurité hors de la zone de baignade et sans stress", nous informe Nicolas Ziani.
Outre le fait que vous sortirez certainement très vite de l'eau pour vous réfugier sur la plage. En cas d'observation de requins ou de raies en bord de plage, Nicolas Ziani, rappelle qu'il est impératif de contacter: le Groupe Phocéen d'étude des Requins ainsi que les autorités locales pour sécuriser les lieux au plus vite et de ne pas s'approcher de l'animal, de ne pas le toucher pour ne pas le stresser et risquer de le rendre agressif.
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