Dans l’obscurité des cavernes, le son était pour les hommes une boussole, la lumière qui les guidait dans l’aveugle, le chant qui éclairait contre les parois. Il fallait crier pour se repérer. Il fallait chanter pour éclairer le noir. Ici aussi, ça crie, ça cherche, ça tâtonne. Ça avance du mieux que ça peut dans le tunnel de l’époque. Difficile de savoir si c’est le pied du mur ou le sommet du monde, si la vie y meurt ou si elle renait. Mais ça chute et ça se relève avec la même évidence, avec la même innocence, avec la même insistance. Ça veut s’en sortir. Coûte que coûte. C’est nombreux. C’est un troupeau. C’est une foule. Presque une famille. Et dans les interstices d’un monde en ruine, ça invente du nouveau. Une autre fin du monde est possible – elle a même commencé. Voilà ce que disent ces corps. Ceux de la vie qui luit, ceux de la vie qui cogne.
Deuxième volet du diptyque, après Là, Falaise n’en est pas vraiment la suite. Mais plutôt l’envers. Son véritable endroit. Nous sommes passés de l’autre côté du mur, de l’autre côté du monde. Cette vie grouillante qui débordait des parois. La voilà devant nous. Inquiète. Fragile. Obstinée. Têtue. Plurielle. Elle n’en a pas fini.
Barbara Métais-Chastanier
BARO D'EVEL
France, Catalogne
Durée 1h45
Infos/réservations : biennale-cirque.com