Le mauvais état des aires d’autoroutes, et notamment celle des Sigues d'où est parti l'incendie des Maures a-t-il joué un rôle dans la propagation fulgurante de l’incendie lundi soir? Face à l’inconscience et l’irresponsabilité de certains fumeurs qui jettent leurs mégots au pied des voitures, les manquements de Vinci Autoroute ont favorisé la propagation rapide de l’incendie à la forêt environnante.
Les aires d’autoroute sont un endroit particulièrement sensible pour les risques incendies. Par définition, on y retrouve une concentration de fumeurs qui profitent de leur pause pour en griller une, avec plus ou moins de civisme ou d’inconscience.
Certaines aires sont particulièrement exposées aux risques incendie, et c’est notamment le cas de celles sur l’A57 et de l’A8, en bordure du massif des Maures. En 2003 déjà, le feu était parti à proximité de l’aire même si la piste criminelle semblait alors privilégiée. Il avait même été question de les fermer les journées à risque mais l'idée a été abandonnée.
Pour lutter contre la propagation des incendies, les préfets ont mis en place des arrêtés qui imposent le débroussaillement, et notamment pour les concessionnaires des autoroutes (en ligne ici). Plusieurs points sont exigés dans ce plan de débroussaillement : un espacement entre les arbres et les arbustes, un éloignement vis-à-vis des bâtiments et aussi la coupe de la végétation herbacée. C’est sur ce dernier point que Vinci Autoroute fait visiblement l’impasse.
Selon nos constatations, sur les aires des Sigues et également celle du Suvé du Vent quelques kilomètres en amont sur l'A57, le sentiment d’abandon de ces aires est réel. Des herbes folles et sèches de partout, et au milieu, beaucoup trop de mégots.
Une équipe spécialisée "Recherche des causes et circonstances incendies" (RCCI) est composée d’une dizaine de personnes qui travaillent pour identifier précisément la cause du départ de l’incendie et son auteur, si elle est humaine. Pour le moment, la cigarette est une piste parmi d'autres, mais elle est privilégiée. En tout cas, une chose est d’ores et déjà certaine : le feu a pris à l’intérieur de l’aire d’autoroute, en bordure d’une voie, précisément à un endroit où l’on retrouve régulièrement des mégots et où l'herbe n'était pas coupée.
Le jet de mégot est aujourd'hui l'une des causes principales des incendies dans le sud de la France. Les automobilistes surpris à jeter sur la route leur mégot, peuvent être verbalisés à hauteur de 135 euros.
La Gendarmerie du Var a d'ailleurs publié un appel à témoin concernant cet incendie:
Conscient de ses faiblesses, Vinci Autoroutes a lancé cet été l’opération itinérante #StopMégots. Son idée répondait parfaitement à cette problématique des usagers qui jettent leur mégot dans la nature : sensibiliser aux risques d’incendie en distribuant des cendriers de poche et avec la présence d’un capitaine de la sécurité civile.
Mais cette opération de communication a été très courte et limitée puisqu’elle s’est déclinée sur six sites pendant deux jours à chaque fois. Elle a également fait l'impasse sur l’A57 d’où est parti l’incendie. Mais surtout, elle s’est arrêtée deux jours avant les grandes journées à risque de cette semaine et n'a pas été déclinée sur toutes les aires du réseau.
Car au-delà des enjeux de débroussaillage, il y a aussi tout le volet prévention qui est totalement inexistant sur ces aires d’autoroute exposées. Seuls des messages s'affichent sur les panneaux d'information numériques. Une fois sur les aires, il y a de nombreux panneaux de sensibilisation mais aucun informant des risques incendies et du danger de jeter son mégot. Pour les fumeurs, il n’y a un seul petit cendrier mal identifié pour toute l’aire.
Enfin, on peut aussi s’interroger sur l’absence de dispositifs préventifs lors des journées à risque: Ni arrosage préventif, ni extincteur, ni présence humaine dans ces endroits si sensibles en bordure des massifs. Bref, il n’y a pas que certains fumeurs qui semblent irresponsables.
Contacté Vinci Autoroutes n’a pas souhaité faire de commentaires, réservant ses réponses pour l’enquête judiciaire en cours.
