Le 22 juillet 2009. Nîmes. Il est minuit et demi. Les Arènes de Nîmes se vident. La foule envahit les rues de la ville pour rejoindre son véhicule, son nid douillet, ou pour boire un dernier verre en terrasse. L'occasion de se remémorer plus de quatre heures de pur plaisir musical.
En effet, une heure et demi avant cela, la star américaine Seal monte sur la scène du Festival de Nîmes. Pas de doute, c'est bien lui la tête d'affiche de cette soirée du 22 juillet dédiée à la soul music. Avec lui, le terme prend tout son sens. C'est d'ailleurs le titre justement trouvé de son dernier album, paru en octobre dernier et déjà vendu à plus d'un millions d'exemplaires. 
En réinterprétant les plus grands succès de ses pères, il fait renaître l'essence même de la musique noire américaine du siècle dernier. Les ombres de James Brown, d'Otis Redding et autres Al Green planent inévitablement au cœur du monument romain. Sa voix puissante, son charisme, et sa tenue en scène (costume ultra cintré sans le moindre faux pli) font de Seal un « performer » incontestable. Les deux pieds ancrés dans le sol, le buste légèrement penché vers l'arrière, il redonne vie à des chansons mythiques comme « I can't stand the rain », « It's a man's man's world » ou « Knock on wood ».
Néanmoins, la fin de soirée laisse place à une dance music dont le Seal des années 1980 est à l'origine. Les cuivres quittent la scène, laissant trois musiciens essayant d'adapter son célèbre « Crazy » à la sauce 2009. Seal rencontre alors plus de difficultés pour faire lever le public des arènes.
Il faut dire que la chanteuse d'origine allemande Ayo avait déjà remporté ce pari difficile une heure avant. Avec elle, on retourne aux racines africaines de la soul. Sa voix si particulière est une invitation au voyage. Ses textes emprunts d'optimisme donnent le sourire. Et ne vous méprenez pas, Ayo n'est pas cette jeune auteur-compositrice nichée derrière sa guitare acoustique. Le public des arènes a découvert une véritable bête de scène, à la fois pleine d'émotions et d'énergie. Elle interprète ses chansons comme « Help is coming », « Slow slow » ou « Down on my knees » avec une modestie et un charme qui n'a pas laissé le public indifférent.
Enfin, en matière d'ambiance, celui qui assurait la première partie du concert en sait quelque chose. Tout droit débarqué des Etats-Unis, costume jaune, cravate noire, voici Raphael Saadiq. Avec son album « The Way I see It », calqué sur les grands classiques de la soul américaine des années 1960 et 1970, Raphael Saadiq aurait pu être produit par la Motown. Son swing, ses petites chorégraphies avec son choriste, son timbre de voix, bref, son talent, lui promettent un succès en France surement aussi retentissant que celui qu'il rencontre déjà dans son pays natal. Et humble avec ça : l'artiste n'hésite pas à laisser son choriste ou son pianiste interpréter une chanson entière du concert. Le public est conquis.
Le soleil brillait encore sur les arènes quand ce jeune prince de la soul est entré en scène. Dès les premières notes, on a tout de suite compris qu'on allait assister à l'un des meilleurs concerts de cet été 2009. On ne s'était pas trompé.
Damien Deparnay
Ayo : formidable, elle a séduit le public par sa musique et sa personnalité.
SEAL : très décevant, manque de naturel, des musiciens effacés et certains tubes en semi-playback avec des instruments pré-enregistrés. 
