Comment définirais-tu ta musique ?
C’est de la « chanson à frisson ». Ma musique, je la définis comme de la chanson française mais sans étiquette musicale parce qu’il y a beaucoup d’influences différentes. Selon l’humeur, la musique peut être totalement différente, elle peut aller de la soul, de la funk au rock, à des choses plus hip-hop, plus salsa, plus sud-américaines. Les gens de ma génération, depuis les années 80, nous avons eu accès à plein de musiques différentes, que ce soit du Led Zeppelin, du Brassens , du Otis Redding ou du Salif Keïta. Donc après, moi j’aime autant un Wyclef qu’un Bertrand Cantat ou un Brel. L’envie de faire telle ou telle musique dépend des moments. Je n’ai pas envie de me brider à faire tout le temps la même musique.
Qu’est ce qui t’as donné envie de faire de la musique ?
Tout petit déjà j’ai commencé par du trombone à coulisse, ma mère avait monté une école associative de musique… J’ai vu Freddy Mercury à la télé, je me souviens des images de Wembley. Puis vers 12 ans, j’ai pris la guitare de mon père ; après j’ai monté des groupes avec notre bassistes actuel, j’avais 14 ans, et il est encore avec moi depuis 15 ans. A 18 ans, j’ai eu mon bac et je me suis dis « aller, j’arrête mes études, je ne vais faire que de la musique ». J’ai monté mon association, puis petit à petit on s’est développé. Donc la musique, c’est un peu toute ma vie, je ne sais faire que ça maintenant !
Comment explique-tu que le single Liberta, sorti initialement en 2003 n’ai connu le succès que fin 2008 ?
On était vraiment des gros indépendants. Ca a d’abord été un succès dans le milieu indépendant. Les gens se déplaçaient dans les salles de concert. Avant que l’on soit signé par une major, il y avait déjà 300 reprises de Liberta sur le net, plein de clips spontanés de fait. Ca a été un engouement du public petit à petit, puis après on a bossé avec des attachés de presse, après en décembre 2008, la signature avec AZ ça a beaucoup changé. Leur potentiel par rapport à nous et aux petits labels est complètement différent. On avait du mal à rentrer dans les magasins, la grande distribution et qu’on a signé avec une major, une semaine après on y était.
Après ce sont plein de petites choses qui s’ajoutent. Liberta est passée direct sur les radios, les gens ont eu un engouement pour cette chanson. C’est une joli histoire, à l’origine elle vient de rien du tout et aujourd’hui beaucoup de gens la connaisse, et elle nous a ouvert pas mal de portes.
A l’origine, Liberta, c’était un duo avec Djazia Satour. Pourquoi c’est la version solo qui a été diffusée en radio ?
Non, la première version de cette chanson c’était un guitare-voix, comme la version actuelle. En 2003, quand on a produit notre premier album avec un peu plus de moyens, j’ai invité Djazia, du groupe de trip-hop grenoblois MIG. Je lui ai proposé ce duo et elle l’a fait nickel, c’est une grande chanteuse. C’est une belle version, je trouve. Mais, au début, les gens ont découvert la version sans Djazia, puis celle avec elle. Les avis étaient partagés, après au niveau des radio, il fallait que ce soit très lisible, et quand il y a trop d’informations c’est tout de suite plus compliqué.
Comment avez-vous vécu ce passage soudain des années de galère à jouer dans la rue et dans le métro, au statut de musicien n°1 des ventes pendant deux semaines ?
J’ai beaucoup joué dans les bars, café concerts pendant 5 ans. C’est le développement de la tortue, on a pris nos armes petit à petit en gagnant d’abord nos tremplins en 2001, 2002, 2003, après nous nous sommes structurés en montant notre association qui s’est développé en label. On a appris le métier petit à petit. Ca a surtout changé mon rythme de vie en fait. Aujourd’hui je suis 6 jours sur 7 pour la musique alors qu’avant c’était 3 jours par semaine. Depuis 6 mois notre rythme est assez hallucinant.
Est-ce que, justement durant ces années difficiles, vous avez douté ?
On doute toujours. Et dans ces moments, on se serre les coudes, et c’est là qu’on avance et qu’on voit le bout du tunnel. Ca été difficile mais on y a toujours cru. Je pense qu’il vaut mieux avoir plus de doutes que de certitudes dans la vie. Je n’ai jamais baissé les bras car si tu baisses les bras, c’est irréversible. Arriver un moment tu te dis « il faut tout donner sinon qu’est ce que je vais faire ? ». Je ne sais faire que ça, j’y ai toujours cru et je pense que j’ai eu pas mal de gens autour de moi qui y croyaient aussi. Tout seul ça aurait été plus dur je pense.
On t’as senti soutenu dès le début, par le public, le bouche à oreille. Est-ce que c’est lui qui t’as permis de continuer ?
Oui c’est sûr. Déjà dans les petits bars, il y a tout de suite eu un engouement et je passais beaucoup de temps après à discuter avec les gens. C’est ça qui fait aussi que petit à petit, il y a plein de gens qui nous suivent depuis 8 ou 9 ans. Il y a un équilibre avec le public.
Quels sont tes meilleurs souvenirs de concert ?
A Marseille j’étais très ému. J’avais pas mal de famille dans la salle. J’étais un peu à fleur de peau car j’avais beaucoup de travail et c’était un concert tellement bon et le public tellement chaleureux que j’en avais les larmes aux yeux. A Lille, également, c’était un de mes meilleurs souvenirs avec également un public monstrueux.
Dans tes chansons, tu livres beaucoup de choses de toi ?
Plus sur cet album, et c’est vrai, il y a beaucoup d’états d’âme, beaucoup d’introspections. Ce sont des textes idéalistes et spontanés avec les émotions du moment. Ce ne sont pas des thèmes de la vie quotidienne que j’aborde, c’est des thèmes plus existentialistes et plus larges. C’est difficile à expliquer, c’est plus facile à dire en chanson. Cette année je n’ai pas beaucoup écris, mais c’est par phase. Je ne me force pas, je laisser aller. C’est un peu le doute de l’écriture. L’inspiration c’est un peu friable.
Ton spectacle évolue t'il ?
Pour cet été un nouveau guitariste nous rejoint dans la tournée, un guitariste plus funk, rock et qui envoie ! Ca donne un plus gros son, là j’aime encore plus. C’est un ami d’enfance à moi et il apporte beaucoup de choses. C’est plutôt très positif au niveau musical.
Côté projets ?
Des dates jusqu'à fin de l’été 2010. Et après, des projets d’album, j’espère pouvoir rentrer en studio fin 2010 pour sortir un album en 2011. Et après des projets de voyage en Ethiopie, au Mali pour aller jouer… Puis se libérer la tête car je pense qu’un chansonnier c’est quelqu’un qui est plein d’émotion et ce n’est pas en faisant que de la musique tout le temps qu’on arrive à écrire des belles chansons.
A découvrir également :
> la chronique de son concert à l'Espace Julien début mars 2009
> Pep's en concert le 2 juillet au Mas de Escaravatiers
> Pep's en concert le 28 juillet aux Voix du Gaou ( Six Fours )
Propo reccueillis par Pauline Volton
Photos: Nicolas Alcina & Nathalie Ghouet