Avec Still Life, Angelin Preljocaj montre qu’il sait encore et toujours nous surprendre. Alors qu’il est si souvent parti d’une oeuvre musicale, d’un conte, d’un récit ou d’une nouvelle, il se réfère ici à un registre très particulier de l’histoire de la peinture : la Vanité. Et il montre par là qu’il saura habiller de danse même les sujets les plus éloignés de son art, lequel ne jure que par le vivant.
En effet, quoi de moins « dansant » que ces tableaux, le plus souvent du XVIIème siècle, composés de crânes, de globes terrestres et d’instruments à mesurer le temps ? Face aux objets, les danseurs du Ballet Preljocaj mettent dans la balance toute leur vitalité, leur précision, leur connectivité corporelle et mentale, pour évoquer à la fois la fatalité du temps et la résistance éternelle de la vie. C’est sombrement beau, sensuel et même érotique, jouant de la plénitude pour nous parler de vanité.
Photo : © Jean-Claude Carbonne