En duos ou en solos, la jeune danseuse chorégraphe Laura Arend et son interprète Fanny Sage esquissent les destins de 5 personnalités germaniques du XIXème au XXIème siècle.
Elles sont scientifiques, résistantes, aventurières, chorégraphes, compositeurs.
Cette nouvelle création n'est pas une œuvre féministe militante mais plus une ode à la Femme, un hommage à la détermination et au courage d'un sexe qui n'a rien de faible.
La création est fluide et les évocations de ces héroïnes de l'histoire s'enchainent sans ruptures ; ce que l'on aurait pu craindre. La pièce n'est pas à proprement parlé narrative mais elle cultive des images chorégraphiques figuratives évidentes grâce aux costumes, aux éléments de décors et au langage du corps bien sûr.
C'est ainsi que des roses blanches (weiss rose en allemand) évoquent le nom du réseau de résistance au nazisme de Sophie Scholl, des lunettes de pilote automobile rappellent les exploits de Clarenor Stinnes ou encore un carnet ou figure le nom de code de la bombe « A » présente les travaux de la physicienne nucléaire Lise Meitner.
Afin d'étayer ou plutôt élargir le propos avec efficacité, les danseuses s'affranchissent crescendo des contraintes de leurs costumes et libèrent leurs cheveux pour aboutir enfin à la sensualité de Pina Baush (pas vraiment une oubliée de l'histoire et c'est tant mieux).
La lumière est faite autour de ces femmes au sens figuré comme au sens propre grâce à une bande de lumière délimitant la scène. Cette ligne lumineuse contribue à l'esthétique très réussie de cette pièce.
Mais ce que l'on venait voir en pénétrant au Théâtre Golovine pendant ce festival OFF d'Avignon c'était avant tout de la danse. Avec "Anna" elle est évidemment taillée sur mesure pour Laura Arend et Fanny Sage dont la finesse des corps contraste avec la force et l’énergie presque brutale des mouvements.
Les gestes sont énergiques, incisifs, d'une grande précision et les deux interprètes sont impeccables dans ce mélange de grâce, de souplesse et d'engagement physique.
Tout cela fait de "Anna" un duo à l'esthétique forte pendant lequel on ne s'ennuie pas un seul instant.
Noémie Roudaut
Photos Didier Philispart