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Stacey Kent : ''Je suis une raconteuse d'histoires''

Rencontre avec Stacey Kent à quelques jours de son concert au Silo. L'artiste est en tournée à l'occasion de la sortie de son album I Know I Dream, enregistré avec un orchestre symphonique.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 31/10/2017
Stacey Kent : ''Je suis une raconteuse d'histoires''

Bonjour Stacey Kent, présentez-nous ce nouvel album…

Pour moi, c’est toujours un rêve de faire cet album. J’ai été très patiente, je savais qu’un jour je ferais un album avec un orchestre symphonique. J’avais une liste des chansons de rêve sur mon téléphone. J’avais ces chansons que je gardais depuis toujours en sachant qu’il faudrait les enregistrer avec un orchestre. Certaines, je les avais déjà chantées sur scène sans les enregistrer, parce que ces chansons sont vraiment visuelles. Et l’expérience de chanter avec un orchestre est incroyablement visuelle. C’est difficile à décrire. Il y a énormément de choses qui se passent dans la tête.

Par exemple, Avec le Temps, c’est une chanson que je connais depuis mon enfance grâce à mon grand père. J’étais complètement émue, je savais que je chanterais Avec le Temps et que je le ferai sur cet album.

C’est intense et émotionnel, mais tout en subtilité et sans drame. C’est ça que j’aime. Les chansons que Jim Tomlinson écrit avec Kazuo Ishiguro créent des univers qui sont incroyablement intenses, mais ce n’est pas la peine de crier.

L’orchestre symphonique amène une force supplémentaire du coup ?

Oui, mais l’arrangeur doit comprendre votre sensibilité. C’est ça la chose la plus importante quand on enregistre avec un orchestre. Le risque, c’est de faire trop. On peut faire trop, on a tous ces instruments, toutes ces voix. Avec cet album, la clé c’est de créer mon univers pour raconter quelque chose de très intime et être capable de raconter des histoires, avec toutes ces harmonies autour de moi, mais pas la force de l’orchestre.

Je veux que les gens qui entendent l’album, écoutent l’histoire, pas l’orchestre.

Mais alors qu’est ce qu’apporte l’orchestre symphonique ?

Rien ne change, mais tout change. La sensibilité ne change pas. On peut voyager sur un album avec des émotions très fortes, avec cinq musiciens ou avec un orchestre. Avec un orchestre, il faut garder la simplicité. Nous avons évité de faire jouer en même temps tous les instruments. Mais quoi de plus beau que cette sensation de chanter avec tous ces instruments ?


Vous pouvez chanter dans toutes les langues ?

Je ne chanterai jamais dans une langue que je ne peux pas comprendre. Il faut être à l’intérieur de la poésie. Je suis quelqu’un qui aime les paroles, elles restent là. Les gens qui écoutent, c’est différent. Ils n’ont pas forcément besoin de comprendre. Mais le public américain par exemple, demande aussi que je chante en Français, que je partage ces richesses. Ils ressentent des choses en écoutant ma voix sur des choses plus abstraites. C’est magnifique ça, c’est la chose la plus belle que je fais !

J’ai étudié le portugais, français, italien et l’allemand avant d’être chanteuse. Mais je ne chante qu’en anglais, portugais et français. Je ne peux pas expliquer pourquoi. J’adore la poésie allemande.

Aux Etats Unis, mon grand père, un immigrant, voulait amener avec lui sa vie passée, c’était super important. Dès que j’ai fait mes études en français, nous parlions en français.

Comme étrangère, mon rapport au français est très fort. Il y a du désespoir, mais toujours de l’espoir. C’est ça qui m’attire dans votre culture, dans votre poésie.

Et écrire ? Est-ce que vous avez la volonté d’écrire des textes ?

Je n’ai aucune envie d’écrire. Je suis interprète. Je sais la chose que j’ai, ce dont je suis doué. C’est un plaisir de trouver des chansons qui sont des bijoux pour moi, comme un comédien. Je découvre des scénarios, et je me dis, ça c’est vraiment moi, c’est un beau rôle, c’est pour moi, ou ce n’est pas pour moi. Je me connais, j’adore trouver des chansons qui sont déjà dans mon univers.

Je lis tous les jours la poésie, mais je ne l’écris pas. Je suis une raconteuse d’histoires.

Vous êtes déjà venue trois fois au Festival Jazz des Cinq Continents, c’est la première fois que vous venez hors saison. Quel est votre sentiment ?

A chaque fois que je viens ici, il y a un accueil incroyablement chaleureux. Il y a ciel, une lumière particulière à Marseille qui m’attire beaucoup. Je me sens très très bien, c’est délicieux d’être ici pendant une autre saison. On est super content d’être ici à nouveau.

Marseille, l’automne, cela vous inspire ?

Oui, j’ai un rapport très fort avec la mère nature. Je ne suis pas très ville moi. Quand je travaille, je suis content d’être en ville. Mais sinon, j’habite au milieu des montagnes, c’est le ciel et la lumière qui parlent. Alors, à chaque fois que j’arrive dans une ville qui a ce mélange, ça c’est quelque chose de super !

Stacey Kent est en concert au Silo le 14 novembre

 photo : Benoit Peverelli

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