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Un été sans festivals ? Les raisons de la disparition des festivals varois

Festivals annulés, manifestations menacées : la crise, une épée de Damoclès sur les organisateurs d'événements culturels. Décryptage.

Publié par Redac . le 24/02/2015 - Modifié le 25/02/15 10:19
Un été sans festivals ? Les raisons de la disparition des festivals varois

Après l'annonce de la fin des Voix du Gaou, du Festival'Hyères et du Festival des Garrigues, c'est au tour du Puget Live Festival de subir les affres de la crise.  

Les caisses sont vides, et les premiers à en faire les frais sont les organisateurs de manifestations culturelles. Faute de financement, la plupart des festivals ont annoncé leur non reconduction en 2015. L'argent manque et conduit à un appauvrissement culturel.

Le département du Var semble être le plus victime de cet amoindrissement des subventions. En septembre, un incontournable de l'été, les Voix du Gaou communiquait sa fermeture, faute de rentabilité. On a près d'un million d'euros de déficits cumulés ces dernières années, l'amoureux de musique que je suis est triste de cette fin, mais le gestionnaire est convaincu d'avoir fait le bon choix" nous expliquait alors Rabah Houia, le directeur du festival. Le Festival'Hyères, autre grand festival musical varois, qui prononçait également sa fin il y a peu de temps.

En 2014, l'édition du Festival'Hyères s'est conclue par un déficit de 600.000€ sur un budget de 900.000€.   

A Brignoles, c'est le festival des Garrigues qui fermait ses portes après 4 ans de musique et de fête. A côté, dans le 13, c'est aussi fini pour les Nuits de Trets. Le Midi festival est dans la tourmente. Aujourd'hui, le Puget Live festival vient lui aussi de déclarer qu'il ne proposerait pas de nouvelle édition cette année.

Une véritable hécatombe

 "Qu'allons-nous faire cet été hormis aller à la plage ? " nous confie une internaute dépitée. L'annulation de ces manifestations culturelles est vécue comme une véritable perte. Car les festivals de l'été font partie de la culture provençale. Marseillais, Toulonnais, ou Arlésiens se déplacent massivement chaque été pour innonder leurs oreilles de bonne musique. Et en la matière, le Puget Live, les Voix du Gaou ou encore le Festival'Hyères faisaient figure d'incontournables.

A ce jour, il n'y a plus festival de musiques actuelles dans le Var cet été. Six ont disparus, les autres sont en suspens.

Chaque année, les organisateurs proposaient une programmation de qualité, pour un public toujours au rendez-vous. Les festivaliers venus de la France entière, étaient nombreux à converger vers ces points festifs. Face à un succès croissant, la décision de stopper les subventions étonne. Pourquoi priver la population de ces divertissements ? La fin de ces financements serait-il la face immergée de l'iceberg ?

La question des politiques culturelles et touristiques

Ce sont toujours les mêmes raisons qui sont invoquées pour justifier la suppression de tous ces festivals : Les mairies font face à des restrictions budgétaires et ces festivals ne sont pas "rentables". Localement, l'impact du plan de réduction des déficits du Gouvernement se fait déjà ressentir. Les collectivités locales devraient être mises à contribution d'ici 2017 à hauteur de 11 Mds €. Face à une situation financière plus que tendue, la tentation est grande pour les maires de toucher le bugdet culture.

Cependant, la crise et la baisse des dotations de l'Etat n'expliquent pas tout. Face à la montée du Front National et au vieillissement de la population, plusieurs maires ont affiché de nouvelles priorités aux dépens des musiques actuelles. Le Var est un des départements français où la population est la plus vieillissante. En 2007, l'INSEE calculait que les plus de 60 ans représentaient déjà 38% de la population du département et que ce taux augmentait bien plus vite que la moyenne nationale.

Concrètement, les maires se rapprochent de leur électorat : des festivals de musiques qui touchaient des publics plutôt jeunes, issus de toute la région sont remplacés par des événements de musique classique d'envergure locale, destinés en priorité aux électeurs de la ville. C'est aussi plus simple à organiser, moins cher et ça évite les problèmes de voisinage et autres "nuisances" sonores. 

C'est toute la dimension touristique des festivals qui est remise en question. Ce n'est plus un hasard si, bien souvent, ces festivals sont désormais organisés par les services culturels des villes et non plus par les offices du tourisme. Jusqu'à présent, les mairies capitalisaient sur les retombées économiques et touristiques des festivals à court et long terme. A Six-Fours par exemple, de nombreux touristes organisaient leurs vacances en fonction des dates des Voix du Gaou. En terme d'image, la ville bénéficiait d'une couverture exceptionnelle. Toutes les télévisions nationales, et de nombreuses étrangères, avaient le même angle pour leur reportage : des stars internationales en concert dans un petit coin de paradis. En terme de promotion touristique, peu de villes dans le monde sont capables de s'offrir de telles têtes d'affiche pour leur publicité.

Une menace sous-estimée

La sonnette d'alarme avait déjà été lancée l'an passé. Alors que la grève des intermittents menaçait la survie de certains spectacles, les organisateurs d'événements en avaient profité pour faire part de leurs difficultés financières. Peine perdue, le département et la région, habituellement engagés dans la culture, sont restés bien à l'écart de ce tumulte. Contactés, ils nous rappellent le montant de leurs subventions culturelles et leur soutien aux festivals associatifs. C'est le cas par exemple du Rockorama à Toulon ou du Midi Festival pour le Conseil Général 83. Mais surtout, c'est le format de ces festivals, souvent organisés par des entreprises en délégation de service public, qui les empêche d'être subventionnés. Quand aux mairies, la plupart n'ont tout simplement jamais demandé à être aidées et se sont donc retrouvées à financer seules leur festival.

Plus récemment, le web voyait l'apparition d'une "cartocrise" de la Culture, intitulée "Culture française, tu te meurs". L'opération a pour but d'alerter les pouvoirs publics, au sujet des fermetures dramatiques de nombreux établissements et manifestations culturelles. Une hécatombe que l'auteur du projet qualifie d'alarmante, et qui doit faire l'objet d'une prise de conscience et d'une remise en question sur la place de la Culture dans la société.

Bien plus que la fin de manifestations culturelles incontournables, c'est toute la Culture des musiques actuelles, l'esprit des festivals, qui en prend un coup. Alors que six festivals varois ont déjà annoncé leur fin, d'autres tentent encore de boucler leurs financements pour cet été, faute de quoi, ils pourraient s'ajouter à ce lourd bilan .

 

 

 

 

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