Comment apporter un vent de douce folie à une pièce classique?
Sans révéler tous les secrets du chef, voici quelques éléments de recette pour une belle au bois dormant revisitée façon Hoche : Situer le propos sinon à notre époque du moins hors du temps dans un univers oscillant entre repères contemporains et surréalistes, utiliser des costumes modernes aux couleurs vives, restructurer la scénographie sur trois plateaux et utiliser les talents de comédiens de ses interprètes, ... Evidemment la belle au bois dormant est un classique et il n'est pas question de s'affranchir de la technique de danse classique ni de la musique de Tchaïkovski, cependant les effets sonores et bruitages inattendus sont les bienvenus. Saupoudrez de beaucoup d'humour et de dérision, laissez mijoter pendant 1h40 et un entracte et servez sous une pluie d'applaudissement. En résumé, cette "Belle" propose donc un spectacle de qualité mais sans prétentions, empreint de bonne humeur et d'autodérision. Les danseurs sont enthousiastes et cela est souvent communicatif et de fait, même les plus jeunes spectateurs semblaient beaucoup s'amuser de ce divertissement. La danse est de qualité, alternant pas de deux et beaux ensembles (avec une mention spéciale à celui des médecins chirurgiens). Alors bien sûr on pourrait reprocher à cette pièce d'avoir les défauts de ses qualités et de perdre l'aspect solennel et majestueux des pièces d'antan mais elle a le grand mérite d'explorer et d'assumer ses choix avec réussite. Bref en ce Week-End morose et pluvieux, cette "Belle" pleine de gaieté était vraiment la bienvenue mais j'imagine que la fraîcheur de cette pièce aux costumes hauts en couleurs se prêterait également aux climats plus chauds de l'été pour une reprogrammation future.
Par Didier Philispart
