On avait eu la surprise l’an dernier lors de l’ouverture de MP2017 capitale du sport. Cette compétition inédite de patinage de descente est revenue à Marseille. La piste est la même, parfaitement intégrée entre l'Intercontinental et le Vieux Port.
Le décor est toujours aussi grandiose, magnifiquement enveloppé entre l’Hôtel Dieu et le lacydon.
Le circuit du Crashed Ice est plutôt habitué des villes nordiques, alors à Marseille, l’ambiance est particulière.
Un curieux maelstrom où l’on croise des sportifs américains tout droit sortis d’une caricature avec leur armure de foot américain et leur accent chewing-gum. On croise aussi des Polonais et des Suédois en tee-shirt. Oui, car ici pour eux, c’est déjà l’été.
On arrive même à trouver des fans Marseillais dans le public qui essayent tant bien que mal d’encourager les concurrents français. La difficulté est souvent de les reconnaître. Si on était vraiment de mauvaise langue, on pourrait dire que c’est facile, ce sont ceux qui finissent sur les fesses. Mais non. Parfois, c’est aussi sur le ventre.
Dans le public, on trouve aussi quelques étrangers. Ceux-ci viennent de Finlande. Un instant, on commence à croire que cette capitale européenne du sport a réellement fonctionné. Ca y est, on croise des touristes venus à Marseille pour le sport et pas la bouillabaisse.
Patatras. « Mon fils est qualifié pour la finale junior ! On est venu en famille le soutenir, il y a sa sœur, son frère et sa petite copine » nous confie fièrement la maman-supportrice du champion. La petite famille n’est pas venue pour rien. Leur enfant prodige, Mirko Lathi, a gagné la finale dans sa catégorie.
A défaut de touristes, la capitale du sport devait créer des vocations. Et ben oui ! On va peut-être avoir une génération de patineurs de descente made in Marseille, et ce n’est pas une galéjade.
Le premier s’appelle Guillaume Libert. Il n’a que 18 ans mais il vient d’attraper le virus du patinage de descente. Ce jeune Arlésien qui pratique le skicross en compétition à Orcières s’est pris au jeu du Crashed Ice. Il s’est inscrit par email il y a quelques jours un peu par hasard, et le voici propulsé en haut de la rampe et définitivement accro.
« On est à Marseille, ça fait peur. Pour ma première compétition, j’arrive sur une coupe du monde, je ne fais pas le mariole! »
Pour sa première participation, le jeune sportif a eu de la chance. Il est tombé lors des qualifications junior, donc éliminé, mais à quand même tenté les qualifs’ homme, et là c’est passé. Il a réussi à descendre les 340m de la piste sans tomber. C’est déjà un exploit.
« Ca fait beaucoup de pression d’un coup ! Je n’ai jamais descendu une telle pente en patins. J’ai l’habitude du ski cross, et d’atterrir sur des skis. Avec des patins je suis complètement déséquilibré… Quand on tombe, ça fait mal aux fesses ! »
Peu importe la douleur puisque le plaisir est là. « Passer le run ou pas, ce n’est pas un problème. Ca fait tellement plaisir d’être là ! Franchement on se régale ! » Les yeux qui pétillent et peut être une vocation qui vient de naître : « Mon objectif, c’est de devenir pro ! Cet été je vais m’entraîner en roller » Car, oui, pas besoin d’avoir un immense congélateur dans son jardin pour s’entraîner… « Il suffit d’une paire de rollers et d’un skatepark, ce sont les mêmes sensations ! Il faut faire du patin, du roller et du ski ».
Cette année, l’accueil fut glacial, et pas uniquement à cause de la température de la piste. Un comité d’accueil de quelques militants écolos en froid avec le glycol, une absence de subventions institutionnelles, des commerçants contrariés par le montage de l’imposant barnum, et aussi un public clairsemé :
La fréquentation est passée de 40.000 invitations gratuites l’an dernier à un peu plus de 12.000 entrées payantes cette année.
Peu importe, la billetterie n’a d’ailleurs pas vocation à couvrir intégralement le coût de la manifestation. Ca reste avant tout une opération de communication mondiale pour Red Bull. Ce samedi, la compétition est diffusée en direct sur plusieurs chaînes. Impossible de louper la marque, elle est de partout : sur les patineurs, autour de la piste, sur la coupe. C'est même à se demander si la glace de la piste n'est pas constituée de Red Bull congelé! Le Crashed Ice bénéficie de retombées médiatiques dans une quarantaine de pays. De magnifiques images et une forte visibilité qui profite aussi à la ville.
L'occasion de prouver au monde entier, qu’à Marseille, la glace on ne l’utilise pas que pour le pastis.