Un titre qui fait référence à la fois au Magnificat de Jean-Sébastien Bach, qui constitue l'essentiel de la bande son, mais aussi aux danseurs qu'il met à l'honneur dans cette pièce.
Sans pour autant être légère ou insouciante, cette nouvelle pièce trouve son point de départ dans une recherche abstraite et esthétique.
Exit donc les sujets plus graves, mais indispensables, comme celui de l'attentat du Bataclan ou les solos de 8m3 dictés par le récent confinement sanitaire.
Certaines scènes chorégraphiques sont posées comme pour un tableau clair-obscur. L'occupation de l'espace se fait dans un mouvement cyclique perpétuel où chaque danseur est alternativement acteur ou spectateur.
Le chorégraphe explore le rapport aux autres. Le collectif est tour à tour, le témoin d'une émancipation, ou alors, un lieu où se conformer et se réfugier.
M. Kelemenis nous offre littéralement plusieurs niveaux de lecture selon que l'on se concentre sur le groupe, en apparence uniforme, mais où les individus égratignent parfois les conventions sociales.
Par exemple, les hommes portent tantôt de la dentelle et sont maquillés de rouges à lèvres au milieu d’un groupe uniformément vêtu de noir.
Cette ambivalence se retrouve également dans la création lumière, les costumes variants entre noirs et couleurs, ainsi que dans le son avec les alternances musicales des morceaux de Jean Sébastien Bach et de morceaux électro.
Tout cela est élégamment pensé et chorégraphié. Pas d'opposition manichéenne entre l'individu et le collectif, ni la clarté et l'obscurité.
Michel Kelemenis présente, comme la vie le fait, une riche palette de variations esthétiques et captivantes dans cette nouvelle création.
Didier PHILISPART
Noémie ROUDAUT