En 1977, Marguerite Duras a 63 ans et elle revient au théâtre en réécrivant pour la scène un de ses premiers romans, Un barrage contre le Pacifique. S’inspirant du cinéma, elle construit L’Éden Cinéma comme une machine à souvenirs, une chambre noire où le passé se recompose et se mêle à l’imaginaire, aux fantasmes, au désir qui sous-tend tout entre le conscient et l’inconscient, au réel de la colonisation avec son lot de cruautés.
Deux adultes, Suzanne et Joseph, y racontent la vie de leur mère depuis son arrivée en Indochine en 1912 et intriquent moments de narration, dialogues et monologues, allers-retours dans le temps et l’espace. Les comédiens, charnels, jouent tous les âges et retrouvent les enfants qu’ils ont été, leur mère qui défend son règne et l’amant, Mr Jo, qui se consume.
Objet du récit, la mère et son déni, son optimisme furieux qui la fait se croire plus forte que la mousson. Elle n’aura pourtant jamais la parole sur elle-même et demeure une présence insaisissable et obsédante.
Mise en scène Christine Letailleur
Avec Alain Fromager, Annie Mercier, Hiroshi Ota et Caroline Proust
Durée 1h55
Infos/réservations : chateauvallon-liberte.fr
Photo © Jean-Louis Fernandez
Texte © François Rodinson