Après "Meet me halfway" en 2017 la "Beaver Dam Company" d'Edouard Hue était à nouveau de la fête pour cette édition 2019 avec un programme en 2 parties.
Dans "Forward", solo de 25 mn, le danseur chorégraphe incarne la lutte perpétuelle de l'être pour atteindre son désir d'évolution.
Aller de l'avant malgré d'écrasantes contraintes, se battre contre les autres et soi-même.
La danse n'a rien d'attendu, les mouvements sont imprévisibles et pourtant nous semblent familiers.
La vivacité et la fluidité mais aussi la force parfois brutale des gestes renforcent cet évident sentiment de schizophrénie intime, d'oxymore chorégraphique.
La musique de Charles Muguel, la sobriété des lumières, et bien sûr l'interprétation intense et précise d'Edouard Hue donnent à ce solo toute l'énergie d'une transe.
Ensuite, "Into Outside" pièce pour 5 danseurs explore ensuite non pas les facettes de l'individu face à lui-même mais sa relation par rapport et au sein du groupe.
Du solo au duo, les relations se créent parfois en symbiose lorsque deux individus se complètent, parfois en osmose lorsqu'ils s'influencent mutuellement.
Le duo devient finalement quintet. Les individus se mettent à l'écart et parfois modifient le groupe ou encore sont absorbés par lui.
Un sujet souvent représenté en danse contemporaine, mais la force de "Into Outside" et de la Beaver Dam Company en général, réside dans le traitement du propos et dans la générosité incroyable des danseurs
En deux temps, mais beaucoup plus de trois mouvements, Edouard Hue réussit à présenter un véritable style chorégraphique et à nous offrir sa vision singulière et affirmée de l'individu et de sa relation aux autres.
Noémie Roudaut et Didier Philispart