Un public des plus hétéroclites est venu applaudir ce vendredi soir l’enfant terrible de la chanson rock française...look à la Delerm…barbe de quelques jours, cheveux en bataille et chemise de bûcheron.
Dans une forme acoustique, souvent seul à la guitare, parfois accompagné d’un trio de cordes et d’un duo de guitare, Saez a offert le temps de la soirée un set épuré tantôt mélancolique, tantôt suicidaire, tantôt énergique, tantôt contestataire…en somme, toute la palette qu’on lui connaît bien, appréciée chez les uns, détestée chez les autres.
Saez fait tout, sauf dans la demi-mesure !
« En travers les néons » au bord de la scène, sans micro à cause d’un problème technique, donne le la du concert… un concert à l’image de l’artiste, entre panache et orgueil. Quand n’importe quel chanteur, dans cette forme simplifiée, aurait pu nous inspirer ennui et frustration, Saez nous envoûte, nous transcende même, par cette voix nasillarde et profonde qui résonne et se propage comme un chant dans la nuit.
Des chansons largement piochées dans son dernier opus, le triptyque « Alhambra-Varsovie-Paris », ponctuées par de multiples extraits de ses autres albums tels « Debbie » ou « J’veux du nucléaire » ou le très attendu « Fils de France », nourriront l’ensemble du concert.
Un public curieux et surtout connaisseur accompagne ce set d’un silence religieux sans pour autant hésiter à entonner les refrains ou lever le poing sur certaines chansons…chez Saez, il y a réellement cette force musicale impressionnante qui fait de chacun de ses concerts des moments uniques à mi-chemin entre tension et douceur.
Talent, classe et prétention font de Saez un artiste unique en son genre, qui énerve par ce caractère bien trempé, n’hésitant pas à pousser un coup de gueule, à improviser un entracte au beau milieu du concert ou se faire applaudir dix minutes avant le rappel. Mais…
Talent, classe et prétention font de Saez un artiste unique en son genre, qui envoûte, qui a cette puissance cathartique, ce pouvoir de vous déclamer des vers suicidaires et emprunts de désillusion, vous laissant tout de même le sourire sur les lèvres à la fin du concert.
Agathe Olivier