On connaît tous l'histoire de la plus célèbre reine d'Égypte. Pourtant, quelques 8000 personnes se sont retrouvés au Dôme vendredi 29 mai pour assister à la comédie musicale de Kamel Ouali Cléopâtre, la dernière reine d'Égypte. Deux heures de spectacle où danse, chant et mise en scène ont rimé avec performance et magie.
Sept chanteurs et une trentaine de danseurs et acrobates ont donnée vie à cet impressionnant spectacle. Car c'est d'abord l'importance des moyens scéniques mis en œuvre qui a frappé le public marseillais. Les costumes magnifiques et hauts en couleurs et les décors grandioses contribuent en tout premier lieu à faire de cette œuvre un moment magique. Kamel Ouali n'hésite pas à faire entrer sur scène des bateaux grandeur nature, des trônes majestueux ou des têtes de pharaons de huit mètres de hauteur pour servir des tableaux dont lui seul a le secret.
On constate donc aisément que Cléopâtre est bel et bien l'œuvre d'un chorégraphe. On dépasse même souvent le stade de la danse pour passer à celui de l'acrobatie. Certaines mise en scène sont carrément de l'ordre de la prouesse physique. Alors les « wouaaaoohh » fusent au sein du public. Et là encore, les moyens mis à la disposition des danseurs dépassent l'entendement : des dizaines de câbles permettent plusieurs chorégraphies aériennes, les plateaux de la scène se soulèvent, tantôt à droite, tantôt à gauche. Des échasses, des figures autour d'un mât chinois, du feu, du cerceau... On n'en a pas assez de nos deux yeux pour voir la cascade de performances qui se déversent sur scène.
Et pour nous conter l'histoire de Cléopâtre en chansons, on retrouve évidemment les sept interprètes, à commencer par la ravissante Sofia Essaïdi. Elle incarne avec charme et panache la fameuse Reine d'Égypte. La jeune artiste qui a rencontré Kamel Ouali lors de la troisième édition de Star Academy, parvient à allier la beauté et le caractère bien trempé de Cléopâtre. Mais ce soir-là, deux artistes plus méconnus ont particulièrement attiré l'attention du public marseillais. D'abord, Mehdi Kerkouche, danseur dans le Roi Soleil devenu chanteur pour incarner Ptolémée, petit frère de l'héroïne. Capable d'assurer une chorégraphie endiablée tout en interprétant des chansons vocalement difficile, le jeune artiste surprend par sa puissance vocale et par son énergie débordante au cours des différents tableaux. Le public a aussi pu apprécié la performance de Dominique Magloire, qui incarne la Grande Prêtresse Charmion, femme de confiance de Cléopâtre. Cette voix emprunte de force et de spiritualité parvient à révéler l'intensité émotionnelle de plusieurs passages du spectacle.
En résumé, Cléopâtre est un spectacle au sens propre du terme. On en prend pleins les yeux. En revanche, nos oreilles sont parfois un peu plus déçues. Pas par les voix des artistes, mais par les musiques choisis pour illustrer la vie tumultueuse de la jeune reine. Alors qu'on s'attend à entendre des sonorités orientales, certains morceaux presque electro-dance ?sont parfois en décalage avec l'ambiance globale du spectacle. Peut-être est-ce un choix artistique, néanmoins mal amené à certains moments, notamment au cours du deuxième acte.
Ensuite, Cléopâtre n'étonne pas non plus par son originalité musicale par rapport aux précédentes comédies musicales françaises. Le sketch de Gad Elmaleh sur celles-ci reste de mise : il y a les méchants, les gentils, les chansons d'amour, les chansons pour faire la fête, les chansons pour faire la guerre... Bref, on sort de la salle la tête pleins de belles images, mais en se disant qu'aimer, c'est ce qu'il y a de plus beau, encore. Toutefois, en ces temps de crise, qui s'en plaindrait?
Damien Deparnay