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Angelin Preljocaj : Trait d'union et Still life, le reportage

Les 21 et 22 septembre la danse faisait sa rentrée en beauté au Pavillon Noir d'Aix en Provence.

Publié par Pauline . le 17/10/2017
Angelin Preljocaj : Trait d'union et Still life, le reportage

Au programme deux chorégraphies du maître des lieux, Angelin Preljocaj, avec la reprise de « Trait d’union », duo crée en 1989 suivi de Still Life, nouvelle création pour 6 danseurs. 

La soirée commençait donc par Trait d’Union, un duo tout en force et en masculinité porté par les deux danseurs Baptiste Coissieu et Redi Shtylla.

Lumière matérialisée par des plafonniers et fauteuil en cuir comme seuls éléments de scénographie, cette pièce à l’atmosphère intimiste explore les relations entre les individus. Tour à tour il s’opposent et se complètent dans l’occupation de cet espace réduit. Tour à tour, ils se repoussent et fusionnent, se contraignent et se soutiennent. Il se rejettent et pourtant semblent indispensables l’un à l’autre tant et si bien qu’on se demande s’ils ne sont finalement pas la représentation physique de deux sentiments d’un même individu qui apprennent à se comprendre et à s’apprivoiser.

Ce trait d’union c’est sans doute cette force ou plutôt ces forces, d’opposition, de contradiction mais aussi de partage et de solidarité qui relient ces deux êtres qui rêvent d’appropriation et d’indépendance et qui finalement existent aussi l’un avec et au travers de l’autre.

Les deux danseurs interprètent avec brio cette pièce physiquement exigeante pour en faire une œuvre qui dégage beaucoup de puissance au sens propre comme au figuré.

Après l'entracte, le fil de la soirée reprend avec Still Life. 

Au lever de rideau, une tragédie semble se terminer. Des corps gisent au sol. Doucement ils reprennent vie, semblant n'exister que par les mouvements qui les animent, comme un autre moyen de respirer.

Les 6 danseurs évoluent dans une ambiance sombre telles des créatures émergeant d'un conte mythologique. Ils dansent et se meuvent à la manière d'êtres aquatiques, les gestes lestes comme portés par le mouvement de l'eau.

Par moments la musique est rythmée par le son d'une horloge et les danseurs semblent se jouer du temps qui passe en se munissant de natures mortes évoquant les Vanités. Chacun anime son objet : un sablier blanc, une couronne ou encore un crâne humain, pour ne citer que ceux-ci. Ils le prônent, le font tournoyer et jouent avec comme on pourrait imaginer des divinités grecques jouer avec le temps des mortels.

La situation va jusqu'à se teindre d'ironie quand les danseurs se mettent en scène en tant que nature morte.

Ils rejoignent chacun un socle blanc au fond de la scène et posent, leur attribut blanc à la main. Chacun évoque une œuvre d'art exposée dans un musée. Puis tous se mettent en boîte pour rejoindre le centre de la scène et former avec les autres un radeau de la méduse mouvant, telle une anémone.

Et tout se délie, les corps entrelacés se séparent, se coupent et encore une fois s'animent pour rentrer de nouveau dans la danse. L'enchainement des mouvements nous ramène posément au début de la pièce, à quelques détails près. Et ces différences ne manquent pas d'éveiller l'envie de revoir ce spectacle afin d'en déceler les rouages sibyllins.

 

Noémie Roudaut / Didier Philispart

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