Pianiste, compositeur, chanteur… En une quinzaine d’années, le panel de cordes à l’arc de Martin ‘Mabz’ Béziers n’a eu de cesse de s’étoffer. De la production de bandes-son pour le théâtre à l’étude du jazz, en passant par le rock psyché, le parcours de cet artiste éclectique s’ancre avant tout dans une volonté de créer du franc, du cru, du fiévreux. Pour divers que soient ses projets, chacun se reconnaît dans cet élan endiablé, parfois brutal mais toujours authentique. Après plusieurs années à engranger textes et mélodies, il se présente pour sa dernière création, d’abord seul en scène, pour un solo piano/chant sensible et engagé. Rapidement rejoint par Guillaume Mongens à la contrebasse, puis par Thomas Bourgeois à la batterie et aux percussions, Dolf Pleiter et Mathieu Esterni aux cuivres, Martin refond son solo intimiste en un quintet ovniesque, où, entre piano et zarb, entre contrebasse et trompette, les textures musicales oscillent sur le vaste spectre qui va d’un vieux jazz cabossé au desert blues, avec quelques détours par la chanson à textes ou le rock indé. On sent dans ce quintet acoustique une multitude d’influences, où les textes essaient de tutoyer l’insolence d’un Bashung, la verve d’un Ferré, l’efficacité d’un Tom Waits.
En écho à l’éclectisme de son fondateur, Martin Mabz & VLAN! quintet suggère de rompre avec les schémas actuels de la chanson et du jazz, en revenant aux fondamentaux de ces genres qu’en apparence tout oppose. Car si l’essor du jazz en tant que discipline tend parfois à le réduire à une musique savante, n’oublions pas qu’il puise ses racines dans le blues des champs de coton, dans les rythmes syncopés du bebop ou dans la transe dansante des biguines antillaises. Il en va de même pour la chanson : longtemps, elle ne se concevait pas sans orchestre, où les textes s’appuyaient sur une solide structure rythmique et une mélodie bien faite, en laissant la part belle aux musiciens solistes. De Boris Vian à Nougaro, on oublie bien souvent l’attachement de certains monstres sacrés de la chanson au son et à la transe. Pourtant, ne dit-on pas que la chanson est le battement du coeur des hommes, sa pulsation vitale et son élan déraisonné ? C’est couramment que l’on oppose texte et musique, comme l’on oppose sagesse et exaltation, corps et pensée, groove et verbe. Martin Mabz & VLAN! quintet est une manière de rappeler que la chanson n’empêche pas le jazz, et que si la musique est un très bon support à la poésie, l’inverse est aussi vrai. Un tour de chant épuré mais coloré, où le surréalisme côtoie le trivial dans un mélange singulier et parfois explosif
