La Ville de Marseille souhaite classer sa rade à l'UNESCO

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 06/09/2021

La rade de Marseille peut-elle rejoindre le golfe de Porto, les lagons de Nouvelle Calédonie ou encore le Piton de la Fournaise à la Réunion ? C'est en tout cas le souhait de la municipalité qui compte déposer un dossier de classement au patrimoine mondial de l'UNESCO.

A l’occasion de l’accueil du Congrès Mondial de la Nature, Benoît Payan, le maire de Marseille a souhaité annoncer le projet de classer la rade de Marseille au patrimoine mondial de l’UNESCO.

« C’est quelque chose d’extraordinaire que l’on a à Marseille, avec 57 kilomètres de littoral, de biodiversité et d’histoire à protéger, c’est un espace naturel urbain incroyable, avec un passé industriel. Il s’agit pour nous de le sanctuariser et de le protéger pour savoir véritablement le léguer et le transmettre à ceux qui viendront après nous» affirme le maire de Marseille.

Benoît Payan prend l’exemple de l’aménagement du site du Roucas-Blanc qui accueillera la base des épreuves de voile aux JO en 2024 : « Par exemple, sur la marina où l’on va accueillir les Jeux Olympiques, on a dit très bien: il faut qu’elle soit tout à fait responsable, en faire un objet particulier. Mais il faut préserver la vie dans cette marina, y faire revenir la faune et la flore, tout ce qui avait disparu depuis trop longtemps. »

Un classement à l’UNESCO pour Marseille : nature, culture ou les deux ?

La Ville de Marseille, et elle seule pour le moment, souhaite classer les 57km de son littoral au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est un classement avant tout basé sur des critères liés à la nature, et en particulier l’écosystème marin, mais la ville souhaite également y associer le patrimoine historique tel que la grotte Cosquer ou le patrimoine maritime de la ville.

En 2002, elle avait déjà évoqué cette idée et le dossier est inscrit dans la liste indicative du patrimoine mondial (en ligne ici), mais sur un classement culturel uniquement du patrimoine de la ville, comme par exemple Notre Dame de la Garde, le port, les quartiers de Marseille ou encore les forts.

 « Culture et nature sont indissociables, cette nature est notre culture. Il faut aussi prendre en compte la culture de la mer et du large » explique l'adjoint au maire de Marseille en charge de la biodiversité marine. La candidature de Marseille serait donc à la fois sur la culture et la nature.

Cette fois-ci, pour que le dossier avance réellement, la ville a signé une convention avec une association qui va s’occuper de remplir le dossier technique.

« Marseille doit être une ville modèle, elle a tout pour faire ça. Un panorama incroyable, une biodiversité à nul autre pareil, on a des milliers et des milliers d’espèces sauvages dont des centaines sont menacées. Est-ce que l’on peut faire comme si cela n’existait pas? Notre responsabilité elle est là et on la prend. » Benoît Payan, maire de Marseille

« C’est un symbole fort, on a besoin d’y mettre quelques règles au-delà du parc des calanques. Ca crée aussi une attractivité pour la ville. » souligne Samia Ghali, élue en charge de ce dossier. « C’est donnant donnant. » La ville devra certainement remplir des critères précis pour avoir une chance d’obtenir le précieux label, rien n'est acquis à ce jour. Elle est actuellement dans la phase de préparation du dossier.

 

Eviter le cas de Scandola

 

Un nouveau label pourrait-il apporter plus de touristes dans un secteur déjà saturé? C’est en tout cas le scénario que veulent éviter les élus marseillais qui ont en tête celui de la réserve de la Scandola en Corse. Ce site, toujours classé à L’UNESCO s’est vu retirer le label d’Espace européen protégé en 2019.

C’est le paradoxe des aires naturelles protégées: ces labels de protection attirent de nombreux touristes créent parfois plus de nuisances pour l’environnement. Le flux incessant de vedettes de promenade dans ce site classé perturbe de plus en plus la nature, et notamment le rapace balbuzard.

« Certes le tourisme c’est l’économie, mais elle ne doit pas se faire au détriment de l’écologie. Nos amis corses n’ont pas su allier tourisme et préservation, et se sont vu retirer un label» explique Christine Juste l’élue en charge de l’environnement.

A Marseille, la logique pourrait même être inverse pour Hervé Menchon, l'élu en charge de la mer et de la biodiversité: « Ce classement pourrait permettre de remarketer l'ensemble du littoral jusqu'à Corbières, permettant ainsi de rééquilibrer le territoire par rapport aux calanques.» 

« Quand on en fait un patrimoine mondial de l’UNESCO, ce sont des exigences et pour nous, la volonté de faire de cette ville, un sanctuaire marin, terrestre et humain au cœur de cette ville. » Benoît Payan

Un des premiers engagements de ce classement pourrait donc être un meilleur contrôle des balades en mer dans la Rade de Marseille. La mise en place d’une zone «ECA » ou zones de contrôle des émissions qui impose aux navires de commerce d’utiliser des carburants moins polluants est également évoquée, même si elle semble difficilement applicable au seul niveau du port de Marseille.

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