Le sport et la danse sont souvent intimement liés et cette relation trouve évidement une résonnance toute particulière dans une ville comme Marseille avec MP 2017 capitale européenne du sport. Changement de style, là où l’ancien directeur F Flamand, nous conviait autrefois à un festif et ironique « Sport Fiction », les nouveaux maîtres des lieux E.Greco et Pieter C. Scholten choisissent eux de nous présenter la vérité du sport au travers du thème de la boxe anglaise.
Rocco est donc une création sur le thème de la boxe dans laquelle 4 danseurs (Gaël Alamargot, Denis Bruno, Victor Callens, Nahimana Vandenbussche) enfilent les gants pour s’affronter pendant près d’une heure. Dès l’entrée dans la salle, le ton est donné : comme pour un véritable match, les spectateurs sont placés tout autour d’une scène transformée en ring. Rien de clinquant comme dans des matchs évènements mais plutôt une ambiance austère comme celle que l’on s’imagine trouver dans une de ces petites salles de quartier de cinéma. D’ailleurs ce titre est une référence directe au mythique film de Luchino Visconti, « Rocco et ses frères ».
Les adversaires sont déjà dans leur coin, une cigarette aux lèvres alors que le public prend place. Comme dans un match, les danseurs se préparent, s’observent, se toisent, s’affrontent, ils sont à la fois adversaires et partenaires. C’est émouvant, c’est évidemment sensuel et réellement fascinant. La scénographie est impressionnante et les éclairages d’une grande justesse mettent parfaitement en valeur les corps et le propos pour cette chorégraphie en 3 rounds. C’est sophistiqué mais pourtant et c’est un des tours de force de cette pièce, tout cela semble d’une grande évidence.
Les analogies entre la danse et le noble art sont imparables avec bien sûr le corps à corps, les déplacements, la notion d’adversaire et partenaire mais aussi peut être plus subtilement la notion de distance, l’occupation de l’espace, la dramaturgie et enfin le rapport sport / spectacle et donc l’importance de ce public placé tout autour de l’action.
Ce spectacle à 360° est à la fois puissant et d’une beauté plastique indéniable avec ces danseurs musculeux qui s’affrontent et se meuvent à l’unisson mais aussi vraiment drôle grâce à un intermède totalement inattendu.
Choc émotionnel et visuel, Rocco est sûrement la plus belle réussite du Ballet depuis l’arrivée de sa nouvelle direction, un beau moment de danse, du noble art !
Par Didier Philispart