Les 2 chorégraphes invités par le FND et Aterballetto à mener une réflexion autour des corps âgés ont livré à un public intergénérationnel leur interprétation du corps vieillissant.
Avec Un jour nouveau, le duo de danseurs d’Ouramdane ont ouvert la soirée en tcha tcha tcha rappelant que malgré l’inévitable défilement du temps, il est toujours possible de le surprendre !
Dans Birthday Party, Preljocaj nous convie à une fête d’anniversaire déguisée où les costumes travestissent, soulignent ou camouflent successivement les corps des danseurs. Il ne s’agit pas de célébrer l’ajout d’une année de plus au compteur, mais d’apprécier la diversité des expressions que prend le temps à travers les yeux du chorégraphe et les mouvements de danse. Cette création est en effet l’occasion pour le chorégraphe de “Trouver une écriture adaptée à la qualité du corps” (ERCultura interview). Qu’ils soient amateurs, anciens professionnels ou non-danseurs, Prejocaj a sélectionné 8 personnes entre 69 et 81 dont la personnalité et les capacités corporelles laissaient entrevoir un beau travail émotionnel et technique.
Preljocaj donne l’assaut en dévoilant les silhouettes de ses danseurs en fanfare ; une ligne de front avance vers le public, épique et solennelle. Le ton est donné : la lenteur et les torsions des corps ne seront pas synonymes de faiblesse mais de sublime, le troisième âge est aussi puissant que le troisième mouvement d’une symphonie.
Qu’ils revêtent des armures de samouraïs, des bleus de travail, des nuisettes ou des combinaisons nucléaires, les danseurs racontent les histoires d’un corps âgé à travers des tableaux aux univers très différents. Une incroyable communion naît de leurs mouvements et de leurs expressions individuelles : les corps murmurent entre eux, susurrent à l’oreille du public leur beauté et crient qu’il n’y a pas d’âge pour “GET YOUNGER” (chanté par Elli Medeiros dans l’acte final).
En sortant de la représentation, le spectateur jeune ou âgé a presque oublié qu’il vient d’assister à une pièce composée de personnes âgées. L’originalité de la création de Preljocaj dépasse l’antagonisme vieillesse/jeunesse, il rend au corps qui vieillit ce qui lui est singulier et beau. C’est au chorégraphe de conclure dans son entretien avec Agnès Izrine: “Ce sont des corps qui nous disent autre chose en soubassement plutôt que directement” (DanserCanalHistorique.fr).
Par Camille Nguyen
Photos Didier PHILISPART