La gravitation universelle de la danse par Naïf Production

Publié par Pauline . le 13/05/2022

Le Théâtre de la Joliette en collaboration avec KLAP Maison pour la danse accueillait le 6 mai "Gravitropie", une pièce du collectif "Naïf Production" quiexcelle à créer des spectacles de danse contemporaine mettant en avant les performances physiques et acrobatiques des interprètes.

Les 5 danseurs de « Gravitropie » explorent la résilience de l'humain face aux obstacles dans un univers en perpétuel mouvement où comme le rappelle le sous-titre de l’œuvre, une multitude de désordres sont possibles.

Seuls ou en groupe, ils cherchent comment continuer à aller de l'avant ou à simplement prendre le contrôle de leur trajectoire (au sens propre et figuré).

Le chorégraphe Lucien Reynès fait reposer cette exploration sur une astuce mécanique, une scène tournante avec une vitesse et un sens de rotation variable. Le procédé technique n'est pas nouveau puisqu'il a déjà été exploité en danse dans des pièces comme "programme court avec essorage" de Boris Charmatz, ou dans une forme plus analogue avec "Gaff Aff" de Martin Zimmer et plus récemment "Celui qui tombe" de Yoann Bourgeois.
Bien sûr, ce mécanisme est à la base de la chorégraphie, mais il n'est ici pas traité comme un décor, il n'est pas mis en avant, au contraire il se fond dans le sol.
Comme autant de journées, d’heures au cadran d'une montre, ses cycles sont autant d'itérations des expériences vécues par les interprètes. Il donne mouvement et rythme, c'est un générateur de forces et de déséquilibres.

Dans « Gravitropie », les corps sont à la fois le problème et la solution car hormis les accélérations du plateau, les seuls obstacles sont ceux générés par les danseurs qui évoluent en s'affrontant ou s'entraidant sur cette scène mouvante.
Pour eux, marcher c'est rester sur place. Pour avancer sans subir la mécanique de leur environnement, ils n'ont donc aucune alternative et doivent avancer et se surpasser mais il leur appartient de décider de quelle façon.
Fort justement, le vocabulaire chorégraphique emprunte souvent aux arts martiaux, course, chutes et portés ne sont jamais loin.  Entre incompréhension, épuisement, fatalisme, l’interprétation des émotions a elle aussi toute son importance.

Il aurait été tentant d’augmenter crescendo la vitesse angulaire de cette scène tournante mais d’une façon moins attendue et sans doute plus intéressante, le chorégraphe fait le choix de faire accélérer ou décélérer l’environnement ainsi que de varier les obstacles créés par les interactions du groupe.

Le public est le témoin direct de l’énergie dépensée à trouver le meilleur moyen de rester dans la lumière et face au public. Cela rend cette énergie tangible, et bien sûr, communicative car elle génère une grande empathie parmi les spectateurs.


C’est cette même énergie qui, à n’en pas douter, nourrit les longs  applaudissements à l’issue de la représentation !

 

Par Didier Philispart

 








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