A l’origine de cette création il y a un projet vidéo, une sorte de témoignage ou la chorégraphe explore avec simplicité le rapport à la danse de ses compatriotes en parcourant son pays, équipée de caméras.
De ce projet sont nées trois pièces qui avec « Middle-Aged Men » et « Teen Teen » donnent la parole à plusieurs générations et fixent un instantané original de la Corée et de son histoire à travers la gestuelle de leurs protagonistes.
Tout commence donc par une projection vidéo en fond de scène de ce road trip et un solo de la chorégraphe entre danse moderne et mouvements de danse traditionnelle.
« Dancing Grandmothers » gagne ensuite lentement en intensité avec ses danseurs à la gestuelle hip hop et contemporaine qui évoluent en costumes acidulés (voire carrément kitsch suivant nos canons de la mode) sur fond de K-pop.
Un autre extrait vidéo provoque des rires bienveillants : celui de ces grand-mères dans leur campagne qui exécutent quelques pas de danse devant l’objectif. Pas de moqueries mais plutôt des réactions au comique de la situation comme ces passants interloqués, conjoints rieurs, … on est à chaque fois stupéfait par le lâcher-prise qui entoure la personne qui danse car chacune de ces grand-mères en dansant se trouve subitement dans sa bulle, comme hors du temps et pourtant leurs corps et leurs gestuelles sont là, comme autant de témoins de leur âge et de leur vécu, c’est terriblement émouvant.
Vient enfin le temps de la scène ou seules puis avec les interprètes de la compagnie elles se livrent au public avec sincérité et simplicité.
Un spectacle entrainant et joyeux, tellement entrainant d’ailleurs que le plateau se transforme finalement à l’appel de Eun-Me Ahn en une boite de nuit géante pour accueillir les nombreux spectateurs volontaires pour partager la fête sous les boules à facette !
Tout cela fait de « Dancing Grandmothers » une oeuvre tendre, emplie à la fois de nostalgie et d’espoir et qui ne ressemble à aucune autre.
Par Didier Philispart