Cette Carmen est un esprit libre, séduisant et pour le coup toujours provocateur. Mais c'est une Carmen d'aujourd'hui jouant une passion contemporaine.
Dada Masilo nous danse Sa Carmen, nous offre sa vision. Des tenues de scène, chics éblouissantes, qui gomment le côté gypsy, mais des roses blanches la fameuse cape du Toreador, bref, à partir des clichés de mise en scène elle nous dit la poésie qui marque pour elle l´oeuvre de Bizet et souligne la liberté sexuelle, le mélange des genres à tous niveaux. Tout comme Matz Ek le fit en son temps.
La couleur d'ailleurs si bien employée dans les costumes et la mise en lumière, est comme un supplément d'âme, à la musique à la chorégraphie, appuyant ça et là le déploiement d'énergie de la troupe ou adoucissant un duo passionné vers une tendresse inespérée.
Les danseurs et danseuses impeccables et effrontés, métissent les espaces de danse flamenco afro contemporaine et arrivent à une danse différente et qui même si elle n'est pas nouvelle, est fort à propos et très séduisante pour la Carmen qu'ils font vivre avec tant d'énergie, de corps et de voix.
Dada Masilo aime les grandes narrations à n'en pas douter, au vu des relectures et réécritures des classiques auxquelles elle s'est jusque-là attelée avec audace, pureté et parfois quelques faux pas, souvent un grand brio.
C'est une chorégraphe qui n'a pas de case, de règles; rien pour l'engoncer dans le corset trop serré du "ça ne se fait pas" et c'est fort bien. Mais comme beaucoup de ce qui l'ont aimée dès le premier regard, dès la première plume, j'ai hâte de la voir danser sa propre histoire.
Agnès Rosa Sentinella
Photo : John Hogg