Soirée unique par sa durée d’abord car ce sont plus de 2 heures de danse qui étaient présentées au public. Soirée unique ensuite par la diversité des œuvres présentées puisque l’on pouvait découvrir ou redécouvrir pas moins de 4 œuvres.
Le très allégorique duo « Cantadagio » ouvrait le bal interprété par les danseurs Valentino Bertolini et Marie Shimada, une œuvre historique de Joseph Lazzini (1972) construite autour d’une suite de portés athlétiques mis en valeur par une lumière théâtrale et la très solennelle musique de Mahler.
En total contraste, la seconde pièce « Folavi » qui fait partie du répertoire du ballet depuis 2008 nous proposait de grands ensembles, duos et trios dans une gaieté forcément communicative car servie par la formidable musique de Vivaldi et une interprétation de très haut vol avec entre autres les arabesques toujours impeccables de Marie Shimada et Natacha Franck.
Troisième volet de la soirée « Schubert in Love » est construit, comme son nom l’indique, sur la musique du compositeur autrichien interprétée live par l’ensemble marseillais Némésis, une pièce tout en émotion pour 11 danseurs dont les très remarqués Antonino Cérésia, Florjad Komino et la gracieuse Marion Baudinaud.
Moment fort et épilogue de cette nuit à l’opéra, JC Gil nous proposait sa toute nouvelle création, « Complicités » construite sur une succession de duos et de trios, une œuvre d’une grande pureté sur la complexité des rapports humains. On y apprécie, comme toujours dans l’œuvre de Gil sa ligne chorégraphique qui le mène invariablement vers des scénographies sans artifices. Ainsi sur un écran en fond de scène sont projetées des images qui plantent l’atmosphère parfois complice, symbolisée par des mains entrelacées ou parfois plus conflictuelle, symbolisé par un poing... quelques images, rien de plus que cette belle simplicité au service de l’essentiel : la danse.
« Complicités » est au final un concentré d’émotions, à l’image du superbe duo entre Ludovick le Floc’h et Marion Baudinaud.
Cette soirée enfin était unique aussi par le choix, trop rare en danse, d’un accompagnement orchestral assuré par l’ensemble marseillais Némésis et qui faisait honneur à une salle comble et conquise par ces talentueux danseurs et danseuses du Ballet d’Europe.
Didier Philispart