Kelemenis&Cie ont réussi au KLAP à construire un véritable havre de paix entièrement dédié à la danse, toute la Danse. Ici toutes les belles rencontres sont rendues possibles et les résultats chorégraphiques en plateau nous émerveillent.
Ainsi à voir évoluer ensemble Michel Kelemenis et Katharina Christl la sublime soliste du BNM, on pense immédiatement au coup de foudre artistique.
Les pièces chorégraphiques "impromptu pour Bernard" et "le sixième pas" sont coécrites par les deux artistes.
À la danse toute de légèreté et de délicatesse de Michel Kelemenis vient se mélanger la puissance de Katharina Christl, étonnant et enivrant animal de scène.
Performeuse d'exception, la jeune danseuse surprend et ensorcelle le public ; tout d'abord par son rapport au sol dans la densité physique et ensuite par la grande originalité de son travail sur pointe où elle emmène des déséquilibres avec des points d'appui très graphiques.
La pureté de Kelemenis seul, la performance de Christl seule, auraient pu nous satisfaire mais le dialogue subtil de ces deux interprètes nous a offert un moment d'exception.
L'instant d'avant.
L'instant d'avant c'est ce temps flou qui a coulé comme dans un rêve, trop vite. Car nous étions pris dans une rêverie, une heure bleue, celle de Baptiste Coissieu, qui nous présentait avec la délicieuse complicité de Jean Charles Jousni : "Bonsoir Madame la Baronne".
Nous sommes donc enveloppés peu à peu de l'univers baroque et amusant de la fashion Baronne.
Cette Baronne de frou-frou et son élégant serviteur, sont tout autant rock n roll que baroque, comme les enfants naturels de Christian Lacroix et Vivienne Westwood.
La proposition chorégraphique est rafraichissante et pleine d'humour. La perfection de jeu des interprètes, leurs incroyables mimiques sur la partition lyrique déclenchent des fous rires dans la salle. Le pari est largement réussi pour l'univers magique et baroque des deux superbes interprètes du ballet Preljocaj.
Baptiste Coissieu et Jean Charles Jousni sont des invités de marques.
Le jeune duo sublime sa danse, nous en sentions d'ailleurs le délicat et extravagant parfum, chère Madame la Baronne ...
Par Agnès Rosa-sentinella