A première vue, rien ne laisse penser que l’on se trouve dans l’un des espaces culturels les plus ambitieux de la ville. Nous sommes à Plan d’Aou, un quartier qui surplombe Grand Littoral et la rade de Marseille d’un côté, et Saint-Antoine de l’autre. D’importants travaux de requalification ont été réalisés ces dernières décennies et la rénovation de ce lieu culturel, cette « Gare Franche » est la dernière brique qui vient compléter cet ensemble.
Une Gare Franche imaginée dès 2001
A la base, en 2019, le théâtre du Merlan, situé à quelques kilomètres de là, a fusionné avec ce lieu de création imaginé en 2001 par le Cosmos Kolej du regretté Władysław Znorko. A l’image de son créateur originel, ce lieu fut atypique et a continué de l’être, jusqu’à cet aboutissement après deux ans de travaux.
La première vocation de la Gare Franche dans le projet du Zef est d’en être un lieu de création. C’est pour cela qu’il dispose d’une grande et belle bastide provençale, aménagée comme un lieu de vie et de travail pour les artistes en résidence.
4,1 millions d’euros ont été nécessaires pour rénover la bastide et cette grande Usine. C’est un lieu de création et de représentation, avec près de 1400m² intégrant un plateau, des gradins, une mezzanine et un bar. Elle peut accueillir jusqu’à 300 personnes.
Un projet destiné aux artistes et aux habitants du quartier
Un tel projet aurait pu être déconnecté de la ville et des habitants du quartier. Car un des enjeux majeurs de la scène nationale du Zef, c’est précisément d’impliquer et de faire participer les habitants de ces « quartiers prioritaires » et pas uniquement s’adresser aux bobos parisiens venus s’exiler à Marseille.
Une des priorités donc de cette Gare Franche, c’est de desservir les habitants du secteur. Et pour cela, la culture devient accessible à tous, et surtout prend des chemins de traverse capables de transporter ceux qui ne fréquentent pas régulièrement les théâtres.
Alors dans cette Gare Franche on y croise des poules et des potagers partagés. Un point d’entrée peut-être éloigné du théâtre, même si on y parle quand même de culture et on y fait beaucoup de rencontres et d’échanges. « Entre convivialité, hospitalité et partage de savoirfaire, ils sont un véritable outil pour briser les barrières de l’entre-soi et favoriser la participation à la vie culturelle. » explique l’équipe du Zef qui précise que « Ces espaces permettent à chacun de découvrir la scène nationale sans contrainte ni engagement. » C’est aussi l’opportunité pour les artistes en résidence de se connecter avec la vie du quartier et les histoires de ses habitants.
Une autre parcelle, celle des « 4 vents » permet de prolonger cette expérience avec des ateliers et animations autour de la nature, de la nourriture et de la culture. Une culture en plein air, qui explore les usages traditionnels et les entremêle aux créations artistiques.
Faire émerger la création et les talents
Mais la vocation première du Zef, est aussi d’apporter la culture dans ce territoire, et c’est notamment le cas du Club Orchestre et de l’ensemble C Barré. Le concept est à la fois simple et ambitieux : impliquer les enfants dans les écoles, les habitants du quartier, les publics « éloignés » de la culture vers la musique, en l’occurrence classique. Le résultat est prometteur. En moins de trois semaines, ces amateurs ont réussi à former un orchestre cohérent et présenter une véritable prestation pour l’inauguration du lieu.
Autres têtes d’affiche de ce projet, les jeunes rappeurs du groupe NK. A peine 15 ans chacun, eux aussi issus du quartier Plan d’Aou et jeunes prodiges de la musique, ils représentent parfaitement l’esprit de ce lieu, mélange d’ambition, de connexions et de talents.
Le Préfet de Région Georges-François Leclerc, venu à l’inauguration du lieu, résume peut-être le mieux l’ambition de cette Gare France : « J'ai touché ici la vérité de Marseille ».