Un amour de spectacle avec Josette Baïz au théâtre du Merlan

Publié par Pauline . le 23/04/2018

Après « Welcome » pour sa compagnie professionnelle mais aussi « Grenade les 20 ans » et « Guest » pour les interprètes les plus jeunes du groupe Grenade, Josette Baïz ponctue son parcours artistique d'ouvertures aux créations d'autres chorégraphes. Avec « Amor », sa dernière pièce, l'occasion nous était offerte le 10 avril au Théâtre du Merlan, d'explorer le thème de l'amour au travers de 8 créations différentes.

Dans la construction de « Amor », Josette Baïz a imaginé un programme en deux parties avec des œuvres de jeunes chorégraphes d’abord, puis des œuvres plus anciennes et déjà emblématiques.

Il y a l’amour non fantasmé, celui de la vie réelle, du quotidien avec le duo « Khallini Aïch » une création 2004 de Aïcha M'Barek, Hafiz Dhaou.

Puis sur une musique électronique aux accents drum’n bass de Richard Siegal, « Unitxt » est une chorégraphie menée tambour battant ! Les pointes des danseuses Marie Pastorelli et Angélique Blasco mettent en évidence leurs silhouettes élancées alors que leurs costumes munis de poignées permettent à leurs partenaires des portés inédits et dynamiques ou au contraire semblables à des instants suspendus. Une vision résolution moderne et esthétique de l’interaction hommes femmes.

Comme un grain de folie vient ensuite un extrait de la pièce « Les déclinaisons de la Navarre », de Nicolas Chaigneau & Claire Laureau. Dans cette œuvre, les auteurs détournent un extrait du film « Henri IV » de Jo Baier et plus précisément la séquence de la rencontre amoureuse entre la future reine Margot et le monarque. En proposant différentes versions de la scène et en dissociant langage corporel et bande son, cette pièce associe humour et gestuelle décalée pour un résultat absurde et drôle.

Puis, vient encore un duo avec « ¿Hasta dónde…? » de Sharon Fridman qui comme l’annonce son titre pose la question « jusqu’où ? ». Jusqu’où peuvent nous conduire nos forces, notre connexion, notre engagement. Dans cette danse contact qui pousse les corps jusqu’à leurs limites sont figurées au sens propre les notions de confiance, de soutient mais aussi de dépendance au sein du couple.
Une œuvre qui colle parfaitement aux capacités physiques et techniques des deux jeunes interprètes Kim Evin et Anthony Velay entre lesquels on retrouve d’ailleurs la complicité des deux danseurs d’origine (Arthur Bernard-Bazin et Sharon Fridman. Une magnifique performance !

« Clash » de Patrick Delcroix redonne ensuite sa place à plus de chorégraphie d’ensemble en explorant cette fois les rapports entre masculin et féminin de façon abstraite dans une gestuelle qui cultive tension et ruptures dans les vitesses d’exécutions.

La seconde partie est composées de pièces qu’on ne présente déjà plus et qui appartiennent à l’histoire de la danse.

Le duo masculin « Les indomptés » de Claude Brumachon (1992) nous parle d’amour brut, d’anticonformisme, de désir, de sincérité, de liberté mais si le propos reste fort et intemporel, les codes changent et les sujets de révoltes voire les transgressions d’il y a un quart de siècles ne sont évidemment plus celles d’aujourd’hui. Une chorégraphique à prendre comme un témoignage de son temps.

Avec l’exigeant « Noces » (1989) d’Angelin Preljocaj, c’est le thème sombre de l’absence d’amour celui des unions de convenances que le chorégraphe décrit. Les mariées sont littéralement des poupées de chiffons qui ne sont que des objets dans une mise en scène que l’on pourrait qualifier de macabre et qui met en scène dans un bel ensemble 10 des danseurs de la compagnie Grenade.
« Noces » à cela de fascinant que c’est une œuvre toujours aussi grave et dérangeante.

« Welcome to paradise » (1989) de Joëlle Bouvier et Régis Obadia enfin vient clôturer le spectacle sur une thématique et un traitement parfaitement opposé à la pièce précédente.
Ce couple homme femme semblent apparus comme dans un rêve et évoluent dans un tourbillon au milieu de fleurs et de nuages.  On évolue dans le lyrisme de l’amour idéalisé dont les images allégoriques composent un parfait épilogue pour cet « Amor »

On ne peut à l’issu de ce spectacle qu’être impressionné par la faculté des interprètes de la compagnie Grenade à passer d’un registre à l’autre de la danse tant les pièces sont différentes dans leurs techniques, dans leur propos et dans les émotions qu’elles procurent.

On pouvait penser à l’issue de la représentation qu’à la célèbre certitude cartésienne du cogito  « Je pense donc je suis », la compagnie Grenade et Josette Baïz auraient répondu ce soir-là « je danse, donc j’aime ».

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