Retour arbitraire sur deux spectacles du Off d'Avignon que les touristes et amateurs ont pu croiser au détour de la cité des papes.
Tendre Achille :
En entrant dans la salle du théâtre de l'Oulle en cette fin juillet les spectateurs etaient immédiatement plongés dans l'univers de Tendre Achille. Cette nouvelle création de la Compagnie 47-49 (François Veyrune), c'est d'abord une singulière atmosphère, à la fois sombre et pleine d'espoir. Un univers esthétique dont l'obscurité permet d'en souligner les éclats à l'image du tapis de scène aux reflets d'or seul élément de la scènographie.
D'abord mêlés sur scène, les corps des trois interprètes, se meuvent comme s'ils ne formaient qu'une seule entité protéiforme. On retient son souffle devant la précision des portés physiques exécutés en une lente série enchaînements millimétrés.
Gaétan Jamard, Jeremy Kouyoumdjian, Sylvère Lamotte sont impeccables dans la plastique de leur gestuelle et dans leur technique. Les solos qui suivent ensuite l'un après l'autre, construction certes un peu attendue, sont techniquement impressionants. L'interpréation fait mouche et on oublie vite la prouesse pour se laisser aller au rythme de la danse : hypnotique.
François Veyrunes choisi dans cette pièce chorégaphique de ne pas nous imposer un propos mais plutot de nous immerger dans un univers fait de sensualité et de force maîrisée : une évidence qui fait du bien.
T.I.N.A
Encore un trio mais dans une autre ambiance au théâtre Golovine avec T.I.N.A de la Compagnie Appel d'air (Benoit Bar). T.I.N.A. c'est l'accronyme de There Is No Alternative d'après une phrase attribué à la plus ou moins regrettée Margareth Thatcher.
Sur un tapis de scène très champêtre, les trois interprêtes explorent le genre et les faux semblants du rapport féminin masculin avec de jolies paraboles et une bonne dose d'humour.
Un propos traité à la fois avec dérision et gravité.
Cette pièce interroge sur la place de la femme et de son image. Est ce que les costumes que la société impose au propre comme au figuré à la femme peuvent suffire à définir la féminité ?
La féminité dans ses stéréotype definit elle réélement la femme en tant que genre ?
On se doute bien sûr de la réponse mais l'angle est souvent original et, quoique parfois inégales, on y trouve de jolies trouvailles à l'instar de ce papier journal qui passe par tous les attributs de la féminité avant de voler en lambeaux.
Une oeuvre qui fait la part belle à une interprétation souvent à la limite du jeu d'acteur.
Mention spéciale aux deux interpètes Emmanuelle Gouiard en working girl névrosée et Véronique Laugier en princesse-miss-perfection-psychopathe hilarante mais inquiétante.
Didier Philispart