Dans les coulisses du spectacle de drones du 14 juillet de Toulon

Publié par Thomas Noël le 15/07/2025

Après le succès de l'an dernier, Toulon a de nouveau remplacé son feu d'artifice du 14 juillet par un spectacle de drones. Mille appareils ont illuminé le ciel du port pour célébrer la ville. Reportage.

Ce lundi soir, alors que la ville célébrait la Fête nationale, le ciel de Toulon s’est animé de mille lumières synchronisées, formant téléphérique, street art et autres emblèmes locaux. En lieu et place d’un feu d’artifice, les Toulonnais ont assisté à un ballet aérien de drones, une alternative innovante, écologique, et tout aussi spectaculaire.

Un hommage visuel à la ville

Le spectacle a été conçu sur mesure pour Toulon. Commandé par la municipalité trois mois plus tôt, il a repris certaines figures phares du show de l’année précédente, notamment lors du passage de la flamme olympique, tout en intégrant de nouveaux tableaux en 3D. « Ce soir, c’est une ode à la ville de Toulon, un hommage à certains de ses monuments, et notamment à la culture du street art », explique Emma Brunet, chargée de communication chez Dronisos.

Depuis le port – point de vue idéal pour admirer le show – les spectateurs ont pu reconnaître les formes familières du téléphérique, de la Place de la Liberté ou encore le porte-avion. « Ce qui me rend le plus fière, confie Emma Brunet, c’est d’être au milieu du public, de sentir leur fierté quand ils reconnaissent leur ville dans le ciel.»

Un spectacle 100 % conçu en France

Derrière cette prouesse visuelle se cache une véritable usine technologique. Dronisos, société bordelaise fondée en 2014, conçoit en interne l’ensemble de la chaîne de production : de la fabrication des drones à la programmation des chorégraphies, en passant par le développement logiciel et la logistique sur site.

Le modèle de drone utilisé hier soir est un appareil français de la marque Parrot, modifié en interne à partir d’un drone initialement conçu pour la vidéo. Les équipes ont ajouté une antenne de communication, un système LED puissant (appelé le "nez") et surtout intégré leur propre logiciel embarqué. Résultat : des machines capables de voler en parfaite autonomie, en suivant des trajectoires programmées au millimètre près. « Contrairement à beaucoup d'autres acteurs du secteur, nous ne sous-traitons rien : la R&D, la programmation 3D, la chorégraphie... tout est fait en interne », insiste Emma Brunet.

Un show entre créativité et haute précision

La préparation d’un spectacle comme celui de Toulon s’étale sur environ trois mois. Une phase artistique s’engage d’abord, entre la ville et les créateurs de Dronisos. Un storyboard est élaboré, validé, puis confié aux « chorégraphes », programmeurs spécialisés dans l’animation 3D par drone.

La construction des figures se fait comme pour un film d’animation : à partir d’images à plat, les équipes dessinent des formes, les transforment en volumes, les animent en synchronisation avec une bande-son soigneusement sélectionnée ou composée. « Nos drones sont comme des pixels. Plus on en a, plus on peut créer des formes complexes. Avec 1000 drones, on peut faire de la très belle 3D », précise-t-elle.

Des défis techniques... et météorologiques

Sur place, une quinzaine de personnes sont mobilisées : assistants « starzone », techniciens batterie, superviseurs de vol. Deux intérimaires sont venus prêter main forte à l’équipe dès 17h. Une fois les drones installés, ils sont testés, puis éteints jusqu’à leur décollage à 22h15, synchronisé avec la régie-son via un timecode. Plusieurs répétitions avaient lieu les jours précédents, à des heures discrètes.

Le pilotage ne se fait pas drone par drone, mais via un poste de contrôle centralisé, le DCC (Drone Control Center), qui supervise en temps réel l’état de chaque appareil : position, batterie, signal. Les drones sont autonomes pendant le vol, mais constamment surveillés. Ils sont aussi programmés pour retourner automatiquement à leur base en cas d’anomalie.

Mais malgré toute cette maîtrise technologique, un facteur échappe encore à Dronisos : la météo. « Le vent reste notre plus grande contrainte. Si les conditions deviennent trop risquées, nous préférons annuler le vol », rappelle Emma Brunet. Ce fut le cas récemment à Saint-Cyr-sur-Mer, où le spectacle a été reporté au 9 août.

Un choix de plus en plus répandu… et assumé

Le choix de Toulon n’est pas isolé. Cette année, plusieurs communes de la région ont renoncé au feu d’artifice au profit de spectacles de drones : Allauch, Cabriès, Cavalaire... Un choix parfois motivé par des recommandations préfectorales liées au risque incendie, comme dans les Bouches-du-Rhône.

Pour Christophe Moreno, adjoint au maire de Toulon en charge des Fêtes et Cérémonies, ce changement s’inscrit dans une volonté de modernisation : « C’est un spectacle écologiquement vertueux, on essaye de se moderniser, y compris dans les spectacles. »

Des avantages écologiques et narratifs

Les bénéfices environnementaux sont notables : pas de déchets ni de résidus pyrotechniques, pas de nuisances sonores majeures pour la faune, et zéro pollution directe. En période de sécheresse et de canicule, ces atouts pèsent de plus en plus dans la balance.

Autre avantage : la capacité narrative. Les drones permettent de raconter une histoire, de créer des formes figuratives reconnaissables – chose difficile avec un feu d’artifice. « Ce sont deux arts complémentaires, tempère Emma Brunet. Certains shows combinent les deux, comme à Nice récemment, et le rendu est encore plus spectaculaire. »

Un coût encore élevé, mais qui tend à se démocratiser

Reste la question du coût : un spectacle de drones reste plus cher qu’un feu d’artifice classique. Mais cela n’empêche pas de plus petites communes de s’y intéresser, en piochant par exemple dans un catalogue de séquences préprogrammées, prêtes à l’emploi.

Avec 8000 drones en flotte à travers le monde, Dronisos multiplie les spectacles, en France et à l’étranger. La société a récemment battu un record européen avec 2025 drones déployés au-dessus de la baie des Anges à Nice lors du sommet des océans. « Un drone peut voler environ 400 fois. Nous avons réalisé plus de 100 000 vols à ce jour », souligne Emma Brunet.

Et la saison estivale bat son plein : entre mai et septembre, les demandes explosent, avant de redémarrer pour Noël et le Nouvel An. La magie, elle, est bien réelle et durable.

Plus écologique et moderne : ces communes qui ont choisi les drones plutôt que les feux d'artifice du 14 juillet

A LIRE EGALEMENT
Sponsorisé
Les Rendez-vous du Lac : des concerts et spectacles gratuits à découvrir cet été à Marseille
Des spectacles pour enfants suivis de concerts au bord du petit lac du parc et des concerts... tout un programme vous attend tous les jeudis de l'été au Parc de maison Blanche à Marseille.
Istres : Annulation du premier Jeudi Étoilé du 17 juillet
Une fête foraine s'installe à Fréjus du 16 au 23 juillet 2025
Fos-sur-Mer : Les Mercredis du Rire démarrent ce soir avec Le Dîner de Cons
Acrobatie, humour et spectacle : les pompiers du Rhône en démonstration à Bandol le 16 juillet
Le Summer Vibes Festival de Fréjus annulé suite à la liquidation de l'organisateur