Après le grand succès de l’exposition consacrée à Picasso, le Musée d’Art de Toulon présente une nouvelle exposition tout aussi ambitieuse, « Banksy, une (R)évolution ». Une immersion complète dans l’univers du street art, à travers des œuvres signées par des artistes renommés, comme Blek le Rat, Gérard Zlotykamien ou encore JR.
Mais cette exposition est surtout centrée sur Banksy, l’artiste urbain britannique devenu incontournable ces dernières années. Le musée dévoile plus de 40 œuvres issues de collections privées, illustrant les nombreux thèmes engagés abordés par l’artiste.
Répartie sur trois étages, l’exposition retrace l’histoire, les combats, les codes et les artistes de ce mouvement devenu central dans l’art contemporain.
« C’est une très grande exposition », explique Rémy Kertenian, directeur des affaires culturelles de Toulon. Elle s’inscrit dans la continuité du parcours street art mis en place par la ville : un circuit de 23 œuvres à découvrir dans l’espace urbain.
« Ce que nous avons voulu montrer, ce n’est pas seulement Banksy comme icône, mais toute une culture. C’est une recherche scientifique. Nous voulions raconter une histoire », ajoute-t-il.
Loin d’être une simple tendance, le street art se révèle dans cette exposition comme un art à part entière, engagé, collectif, et désormais reconnu comme un patrimoine culturel.
Le street art d'un art illégal à un art reconnu
Né dans les quartiers populaires américains dans les années 1970-1980, le street art se développe à travers des graffitis souvent illégaux dans les rues de New York.
Ces messages visuels sont une manière pour les populations marginalisées de manifester indirectement et s’exprimer sur la place publique.
Aujourd’hui, le street art est reconnu par les institutions. Plus une œuvre se dégrade, plus elle prend de la valeur, certaines atteignent des prix impressionnants.
Taki 183, l’un des premiers à signer ses œuvres dans la rue. Il est considéré comme un des pionniers de ce mouvement.
Mais le street art n’est pas seulement un art visuel, c’est une véritable culture, née en lien avec le hip-hop, le rap, le streetwear et la contestation sociale.
Banksy un artiste engagé
La visite continue avec une sélection d’œuvres de Banksy, issues de collections privées. Les œuvres sélectionnées abordent des sujets comme la guerre, le pacifisme, la musique ou la société de consommation.
« Il parle de notre époque, il touche son public. Aucune de ses œuvres n’est anodine, c’est ce qui plaît tant », explique l'adjoint à la culture de Toulon.
On découvre des œuvres emblématiques comme La petite fille au ballon, symbole d’espoir mondial, ou encore la panthère s’échappant d’un code-barres, une critique du capitalisme.
Une section est également consacrée à sa relation avec la musique, à travers ses créations de pochettes de CD et de vinyles.
Une exposition sur trois étages
Au rez-de-chaussée, l’exposition s’ouvre sur trois grandes sections :
- L’émergence du street art aux États-Unis
- Son arrivée en France et en Europe
- Une collection privée d’œuvres de Banksy
On y découvre premièrement les œuvres de Taki 183 ou Keith Haring, artiste américain né en 1958, reconnu mondialement pour son style simple, coloré, et accessible.
En France, des artistes comme Gérard Zlotykamien, Blek le Rat, Miss.TIC ou JR ont été les premiers à faire vivre ce mouvement.
« Quand j’étais jeune, tout le monde cherchait dans Paris les pochoirs de Miss.TIC ou les rats de Blek », confie Rémy Kertenian.
Gérard Zlotykamien, souvent surnommé le grand-père du street art, peint dès les années 1960. Il est connu pour ses silhouettes appelées Éphémères, précurseurs du graffiti moderne.
Miss.Tic est une figure emblématique de l’art urbain parisien. Dès les années 1980, elle se fait connaitre avec ses pochoirs de femmes accompagnés de slogans percutants etpoétiques sur les murs.
Blek le Rat, de son vrai nom Xavier Prou, utilise le pochoir dès le début des années 1980 pour dénoncer les injustices sociales à travers ses œuvres engagées.
JR, quant à lui, utilise la photographie en grand format pour transformer l’espace public en galerie à ciel ouvert. Il colle ses portraits géants sur les murs, les toits ou les trains pour donner une visibilité aux anonymes et raconter des histoires humaines à travers le monde.
« Malheureusement, nous n’avons pas pu exposer une de ses grandes photos à cause de leur taille. Certaines recouvrent des immeubles entiers », précise Tiphanie Musset, attaché de conservation au musée.
Ces grands artistes français ont profondément influencé Banksy. Le symbole du rat, par exemple, est présent dans de nombreuses œuvres de l’artiste britannique.
Deuxième étage : Ernest Pignon-Ernest et l’art militant
Le deuxième étage met à l’honneur Ernest Pignon-Ernest, autre grand nom du street art français.
Célèbre pour son portrait de Rimbaud, il utilise le dessin et la photographie pour dénoncer la misère, les migrations ou l’enfermement. Plusieurs œuvres sont exposées, dont une dizaine venue de Nice, un prêt précieux.
« Cette collection nous tient à cœur. Elle montre l’avant et l’après de ses œuvres », précise Tiphaine Musset, attachée de conservation.
Troisième étage : une création spéciale pour le musée
En arrivant au troisième étage, les visiteurs sont accueillis par une fresque monumentale réalisée spécialement pour le musée par l’artiste Andra Ravo Mattoni.
Il revisite une œuvre classique à la bombe, et laisse volontairement une partie inachevée, comme pour rappeler la nature éphémère du street art.
À côté, une salle rassemble des œuvres contemporaines d’artistes urbains venus de Corse, d’Italie et d’ailleurs.
Enfin, les visiteurs peuvent terminer l’exposition dans la bibliothèque du musée, pour approfondir leurs connaissances sur le stret art.
Un véritable Art vivant
( R )évolution, explore un univers qui dépasse la simple œuvre accrochée au mur. Elle interroge notre rapport à la rue, à la liberté d’expression et à la légitimité de l’art.
À la fois audacieuse, immersive et engagée, cette exposition est à découvrir du 14 juin au 5 octobre 2025, au Musée d’Art de Toulon.
Infos pratiques:
- Entre 4€ et 7€ / gratuit pour les enfants
- Du Mardi au Dimanche (fermé le lundi et jours fériés)