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Vers un enterrement de première classe pour la carrière antique de la corderie

Les services de l'Etat recommandent désormais d'enfouir à nouveau le site antique de la carrière de la Corderie dans le 7eme arrondissement de Marseille, au grand dam des associations qui militent depuis 2017 pour la valorisation du site. L'Etat avait alors fait la promesse que le site serait mis en valeur.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 22/09/2021
Vers un enterrement de première classe pour la carrière antique de la corderie

Va-t-on assister à un enterrement du site des vestiges de la Corderie ? Malgré son classement en 2017 et les promesses de la Ministre d’alors de valoriser ce site, le constat est unanime : le site se dégrade depuis sa découverte en raison de problèmes d’évacuation de l’eau, causés par l’immeuble adjacent.

Faisant suite à ce constat, l’Etat a mandaté M. François Botton, architecte enchef des monuments historiques pour « assurer la conservation et la valorisation du site » au travers d’une étude « concernant l’état de conservation de ces vestiges et les hypothèses à envisager pour garantir leur préservation et assurer leur mise en valeur. »

Les conclusions proposent trois scénarii : celui promis par la Ministre en 2017 qui propose l’aménagement du site avec une halle recouvrant les vestiges et permettant au public de s’y approcher. Le second imagine un « réenfouissement partiel, avec la création de « fenêtres » vitrées pour que les visiteurs puissent observer les éléments les plus significatifs. » Enfin, le dernier, et celui qui est clairement privilégié par les services de l’Etat consiste à ré-enfouir ces vestiges, « après mise en œuvre des travaux nécessaires à leur conservation à long terme ».

« Si le site est enfouit, alors il va disparaître » regrette Guy Coja du collectif Laisse Beton. Depuis son classement en 2017, les associations de protection du patrimoine et les riverains du site n’ont cessé d’interpeler le Ministère de la Culture sur les conséquences de la stagnation de l’eau dans les ruines qui dégradent ce calcaire si particulier et particulièrement fragile.

Le 4 mai dernier, le Ministère de la Culture expliquait encore à Sandrine Rolengo, représentante de l'association Sites et Monuments, que l'Etat travaillait avec la ville pour concevoir un projet pédagogique à proximité du site, mais sans s'engager sur les vestiges en particulier.

Sophie Camard, la maire du secteur concernée veut jouer le rôle de médiatrice pour trouver un compromis. «Il faut discuter, nous pouvons proposer une médiation, une concertation ». Elle reste cependant opposée à réenfouissement des vestiges.

Du côté de la mairie centrale, on reste plus prudent. Si un rencontre doit avoir lieu dans les prochains jours avec les associations et collectifs, la mairie insiste sur les enjeux globaux de protection du patrimoine marseillais qui ne placent pas forcément les vestiges de la Corderie comme la première priorité. « Nous avons 110 bâtiments historiques en souffrance à Marseille, cela va du Pharo, à l’Opéra en passant par Carli » souligne Jean-Marc Coppola, l’élu à la culture. La ville compte lancer un grand plan de restauration de son patrimoine, mais cela a un coût.

Car la vraie question est de savoir qui va payer. Aujourd’hui, la parcelle protégée dépend de l’Etat, mais ce dernier souhaiterait que les institutions locales prennent en charge l’aménagement du site. En tant que site classé, l’Etat y apporterait sa contribution financière. Mais à ce jour, aucune étude sérieuse n’a été réalisée pour imaginer la protection du site, avec un espace couvert et un accès direct des visiteurs.

Les seuls travaux qui ont été réalisés ont été une pompe destinée à éviter le phénomène de barrage créé par la construction de l’immeuble. Le site étant en pente, l’eau ne peut s’écouler normalement vers le Boulevard de la Corderie et finit donc par stagner sur le site archéologique, accélérant ainsi la disparition des pierres. L’installation d’une pompe était destinée à éviter ce problème, mais elle ne suffit visiblement pas.

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