Rencontre avec Paul McGuinness quelques minutes avant d'entrer sur scène.
L’album semble moins empreint de musique folklorique irlandaise que les albums précédents, et il y a quand même des touches beaucoup plus rock classique. Pouvez vous nous parler du style de cet album ?
J’ai grandi en écoutant du rock et de la musique irlandaise aussi. J’ai commencé en jouant du rock. Même si la musique traditionnelle était la bande-originale de mon enfance, c’était quelque chose que j’ai rejeté, car c’était ce que mes parents écoutaient.
Puis, j’ai déménagé a Londres et je suis devenu ami avec Shane MacGowan. Je l’ai vu jouer de la musique irlandaise traditionnelle et cela a généré mon interet pour cette musique. Ainsi, j’ai commencé à jouer moi aussi cette musique traditionnelle mêlée à du punk rock.
Aujourd’hui, j’ai vieilli et beaucoup de ces influences ressurgissent.
Avez-vous des influences particulières ?
Oui, comme base folk, il y a The Dubliners, Christy Moore, Planxty…
En Angleterre, donc plus tard, c’est Thin Lizzy qui eut un reel impact sur moi, avec notamment son adaptation de la chanson traditionnelle « Whiskey in the Jar ».
Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec The Pogues et de la creation de The Popes ?
A la fin des annees 70, je decouvre le punk et je demenage à Londres. La-bas, j’ai decouvert The Pogues. Je suis devenu ami avec Shane MacGowan, le leader du groupe. C’est grace à lui que la musique irlandaise a pris tant d’importance pour moi. J’ai ensuite bossé avec les Pogues.
Quelques annees après, au Japon, les membres du groupe ont viré Shane. Le guitariste, Philip Chevron, est tombé malade et j’ai commencé à jouer les Pogues.
Apres les tournées, Shane m’a proposé de monter un projet ensemble et on a créé The Popes, en 1993.
The Popes était un melange de rock et de musique traditionnelle. Je crois qu’ensuite Shane a perdu sa motivation, il melangeait les influences comme le faisait Creedence Clearwater Revival, par exemple. Dans le deuxieme album, Shane est parti vers un style beaucoup plus folklorique et moi, je voulais retourner à un son plus rock, comme à nos debuts, comme cette chanson avec Johnny Depp, Women got me Drinking. Tout cela a entraine des tensions et le groupe a commencé a se désagréger.
Et on buvait , on se droguait. Beaucoup trop.
Depuis Holloway Boulevard, vous n’aviez pas sortis d’album studio… Pourquoi?
Trop bourrés…
J’aurais préféré que cela soit different, car la musique, c’est ma vie ! Mais trop d’alcool, trop de drogues et j’ai fini en prison. La-bas, j’ai tout arreté et j’ai pu me recentrer sur moi-même. Ce fut, en quelque sorte, une experience positive.
Qu’est-ce que les London Irish dont vous parlez ?
La vague d’immigrés irlandais à Londres. Je suis né a Londres (comme Shane). Apres ma naissance, avec mes parents, on est rentrés en Irlande. Ce n’etait pas si bien à Londres : il y avait des panneaux avec ecrit « Pas de chiens, pas de noirs, pas d’Irlandais »…
Vous avez commencé à écrire l’album durant votre séjour en prison (Pentonville), est-ce que l’enfermement fut une source de créativité ?
Oui, ce fut une source de creativité. J’ai commencé avec une guitare acoustique et j’ai beaucoup composé, même pour le prochain album !
Expliquez-nous le titre de l’album, Outlaw Heaven ?
Car quand j’écris l’album, je suis en prison, avec tous ces gros types, dans ma cellule, avec des meurtriers, des criminels ; des gens sont très sympas d’ailleurs, une experience à faire ! Et je me suis dis que j’etais dans le « Paradis des hors-la-loi ». Je me suis aussi imaginé mort, avec tous ces gens, ces artistes que j’admire, comme Johnny Cash, Jimi Hendrix, Jim Morrison, James Joyce…
Donc on l’a dit, peu d’album studio… une préférence portée pour le live ?
Oui, c’est ce que j’aime le plus, cela m’a tant manqué durant mon sejour en prison et durant le traitement de methadone…
Propos recueillis par Anysia Troin-Guis et Anaïg Penault
Photos : JB Fontana