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Tryo : l’interview

Lors de leur concert le 28 juillet aux Voix du Gaou, nous avons rencontré deux membres du groupe Tryo : Guizmo et Danielito. L'occasion de revenir sur leur parcours, sur leur musique et sur leur engagement écologique.

Publié par Damien Deparnay le 02/02/2009 - Modifié le 23/11/09 11:07
Tryo : l’interview
Comment a débuté l'aventure avec le groupe ?
Guizmo : Dans une MJC de quartier à Fresnes. Avec Manu, on jouait dans un groupe et on se produisait de temps en temps. Puis on est parti faire une rando en montagne, dans les Pyrénées avec Chrisophe Mali, avec une guitare, et on s'est mis à chanter. On s'amusait à reprendre du Renaud, du Brel et Tryo est né au cours de cette randonnée.

Quel bilan faites-vous aujourd'hui, à l'issue de ce quatrième album ?
G. : Une belle histoire, pas prévue. On est ravi. On a fait ce qu'on aime faire, jouer sur scène. Après chaque album on est parti en tournée. On a largement passé la centaine de dates. Le public est fidèle. On continue de véhiculer les valeurs qui nous sont chères, et on continue de faire la fête.

Vous avez commencé par chanter ensemble au cours d'une randonnée. Vous êtes aujourd'hui la tête d'affiche des plus grands festivals et salles de France. Comment expliquez-vous ce succès ?
G. : C'est venu petit à petit. On a un rapport avec le public qu'on a entretenu au fil de ces années en allant jouer, partout.
Danielito : Et puis c'est le talent, évidemment...(rires)
G. : Bien sur, le fait que Daniel soit avec nous, ça a tout changé. Sans blague, je pense que c'est venu avec le temps, on essaie constamment de se renouveler, soit en terme de spectacle, de mise en scène ou de musique sur nos albums.
D. : Il faut dire aussi que notre public a toujours été très fidèle. Le public des débuts a grandi avec le groupe. Et le public s'est aussi renouvelé au cours des années 2000, surtout lorsque les grandes radios ont repris L'hymne de nos campagnes sur leurs ondes. Le public jeune s'est élargi à ce moment là. Aujourd'hui, si on continue à faire tous ces festivals en tête d'affiche, c'est surtout grâce au public.
G. : Mais on vit quand même avec l'idée que tout ça peut s'arrêter du jour au lendemain. Tout ça n'est pas acquis. C'est un métier très aléatoire. Ça fait aussi notre force. On le fait déjà pour nous, on est une bande de potes, il y a du plaisir à être ensemble et c'est ce qui fait qu'on est sincère. Et ça se ressent sur scène.

Quelle a été votre réaction lorsque toutes les radios ont repris L'hymne de nos campagnes ?
G.
: C'était très rigolo car c'est tout ce qu'on ne voulait pas faire : devenir le tube de l'été en 1999, lors de la sortie de notre premier album. Et on est devenu tube de l'été presque 10 ans après la sortie de la chanson.
En fait, on était chez Sony et on devait récupérer notre disque de diamant en grande pompe avec tous les journalistes. On va très rarement dans ce genre de soirée mondaine. On ne s'était pas vu depuis plusieurs mois alors on a décidé de jouer L'hymne de nos campagnes, car c'est le morceau qu'on a pas besoin de répéter. Et dans la salle se trouvait le programmateur d'une grande radio très connue qu'on ne citera pas. Et il a flashé sur le groupe. Il a mis le titre en test à la radio et on s'est retrouvé sur les ondes du jour au lendemain. Dans les maisons de disques ils appellent ça le « cap radio » : "Vous avez fait votre cap radio" ! Ils étaient tous super contents. Donc ça nous faisait rire. Mais ça a aussi permis de ramener un nouveau public, on ne va pas le nier.

La scène est une partie du métier qui vous tient à cœur ?
D.
: La scène c'est ce qui nous a fait grandir. C'est ce qui nous a toujours apporté le plus de plaisir. Nos albums sont aussi une façon d'aller sur scène. La scène est notre jardin, notre terrain de jeu. C'est là où on est le plus à l'aise. La complémentarité de nos quatre caractères très différents prend justement forme à ce moment là. Notre public est très généreux et il y a une magie qui se produit chaque soir, et c'est forcément un bonheur pour nous. La scène est ma deuxième maison.

Comment définissez-vous cet album Ce que l'on sème ?
G.
: C'est une nouvelle aventure. Tout le monde dit que c'est l'album de la maturité. Pour nous, c'était plus l'enclenchement d'une nouvelle décennie. On avait besoin de créer de nouvelles choses, qu'on avance, qu'on se fasse peur, qu'on ne soit pas sûr de nous. On a été dans la musique latine, dans la musique africaine, dans des terres inconnues. Il y a eu tout un travail très riche d'adaptation qui a duré un an.

Pour les prochains albums, comptez-vous continuer sur cette lancée, avec toujours cette recherche de nouveauté ?
G.
: Pour le dernier album, c'est venu assez naturellement, à l'issue de nos voyages respectifs. Je suis allé au Niger, Manu est allé en Inde, Daniel est retourné au Chili. Ces voyages amènent pleins de choses, de nouvelles sonorités, de nouvelles idées. Donc on fera la même chose pour le prochain album, on viendra avec nos expériences. Chacun amènera ses chansons comme on l'a toujours fait.

Comment travaille Tryo pour composer ?
G.
: On a une technique très artisanale. On vient avec notre cahier, notre guitare. On chante nos chansons aux copains. Et on garde celles sur lesquelles on a envie de travailler vraiment. On est tous auteurs-compositeurs. On sélectionne les chansons ensemble. Et la première chose que l'on travaille sont les voix : la répartition des textes, les harmonisations. Ensuite, on cuisine autour, on amène les sons.

Vous restez aujourd'hui l'un des groupes les plus engagés aussi bien politiquement qu'écologiquement. Est-ce que c'est une étiquette médiatique que vous revendiquez aujourd'hui ou est-ce que c'est quelque chose que vous ne contrôlez plus vraiment ?
G.
: On n'a pas à le revendiquer. Ça suit son cours. On travaille avec Greenpeace depuis huit ans. La Conférence de Copenhague arrive, on sort un nouvel album. On sait qu'un album c'est polluant. On a donc fait un album éco-responsable avec un cellophane biodégradable, de l'encre biologique. On a décidé d'insérer un bulletin d'adhésion à Greenpeace. C'est une ONG qui nous plaît beaucoup car elle est apolitique et n'est pas financée par des entreprises privées. Donc il y a une espèce d'autonomie.
On a fait notre bilan carbone au mois de novembre. On est arrivé dans les salles de concert avec nos gobelets recyclables. On a essayé d'amener le tri sélectif dans tous les Zéniths de France. On a fait un vrai travail de covoiturage avec la Fnac, avec Virgin. Avec tout ça, on va arriver avec 10 % de moins d'émissions de gaz à effet de serre. C'est un petit plus qui amène surtout les gens du métier à réfléchir à leurs responsabilités quant au réchauffement climatique. C'est une continuité, il n'y a pas de marketing là-dessus. On essaie d'avoir un discours réel. On n'est pas un groupe 100% écolo, on pollue avec nos bus, mais on essaie de faire des efforts sur ce que l'on peut. Mais cela fait partie de nos valeurs, depuis le premier morceau du premier album : L'hymne de nos campagnes.

Avez-vous été contacté par un parti politique ?
G.
: Oui bien sur. Le PS nous contacte tout le temps. Mais on ne rentre pas là-dedans. On a soutenu Europe Ecologie aux européennes mais ce n'est pas un parti politique fixe. On avait envie de voir un peu, on a lu le programme. Et avec Copenhague à la fin de l'année, on a pensé que l'Europe serait une institution assez puissante pour avoir un poids à cette conférence internationale. On a joué au Zénith avec eux, on les a soutenus. C'était notre premier engagement auprès d'un mouvement politique. On verra ce qui va se passer.

Quels sont vos projets aujourd'hui ?
G. : On compte déjà finir la tournée dignement, en bonne santé. On tourne beaucoup. C'est la troisième date de la semaine ce soir. On a environ cinq dates par semaine. C'est une tournée très intense et physique. On essaie de garder la bonne humeur chaque soir.
D. : A l'issue de cette tournée d'été, on prépare un album live. A priori ça devrait se faire.
G. : On prépare aussi un concert qui se tiendra le 22 novembre au Zénith de Paris avec Greenpeace et d'autres ONG en parallèle à la Conférence internationale de Copenhague sur le réchauffement climatique. On a contacté d'autres artistes pour participer à ce concert : on a contacté Zazie, Yannick Noah et Bernard Lavilliers. C'est un concert qui nous tient donc très à cœur. Et il y aura évidemment le dernier concert de la tournée, le 16 décembre à Paris-Bercy. On va essayer de faire une belle fête. Ça marquera la fin de cette aventure autour de l'album.

Est-ce que vous avez un rituel avant de monter sur scène ?
G.
: On se fait la bise. On s'embrasse. Mais on a toujours le trac, chacun à notre façon. Par exemple, Daniel dit qu'il n'a pas le trac, c'est sa façon à lui d'avoir le trac en réalité...
D. : Je ne stresse pas des heures avant le concert. Je ressens le trac quelques minutes avant le début du concert. Il y a quelque chose qui monte en moi que je ne saurais décrire. Mais dès que je vois le public, je me sens chez moi.

Propos recueillis par Damien Deparnay


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