Le Cheap Show avait été conçu à l'origine pour la scène, et cette fois-ci The Love Album, est davantage un album studio. Vous vous êtes davantage concentrée sur la musique, plutôt que sur la mise en scène ?
J'aime bien faire plein de choses différentes. C'est vrai que j'avais fait un concept d'album live, du stand-up chanté, avec des chansons écrites d'abord pour la scène minimaliste et là j'ai eu envie de faire un beau travail de studio pour un album à écouter chez soi.
Désormais, vous êtes accompagnée sur scène par des musiciens. Est-ce que vous avez néanmoins prévu une mise en scène particulière, un show dans l'esprit du précédent ?
On fait un beau mélange. J'ai vraiment voulu garder l'intimité du Cheap show, avec quelques morceaux toute seule, pédale et guitare. Et puis j'ai 4 personnes avec moi sur scène, basse, batterie, guitare et une choriste. On a aussi fait appel à un artiste nantais assez génial qui nous a fait des petites vidéos. C'est un vrai spectacle !
Retour à l'album, comment s'est passé l'écriture des textes et de la musique de vos chansons ? Deux ans se sont écoulés, entre la fin de la précédente tournée et ce nouvel album.
Il y a quelques morceaux que je trainais depuis un petit moment et puis d'autres qui se sont mis dans la même veine. J'écris assez lentement, mais sûrement. J'avais envie d'être moins violente que dans le Cheapshow, je devais être dans un état très très... Enfin, j'avais beaucoup de choses à sortir je pense. Et là j'étais plus calme, j'avais plus envie de donner de la douceur.
Votre rencontre avec Dan the Automator, comment se retrouve-t-on à être produite et enregistrée à San Francisco ?
J'ai tout simplement regardé dans ma discothèque s'il y avait des albums qui correspondaient à mon projet. Je suis tombée sur Lovage, qui est un petit album underground de Dan, qui a vraiment fait beaucoup de projets en dehors de Gorillaz. J'ai vraiment flashé dessus et trouvé des similitudes avec ce que je voulais faire. Et puis effectivement, on s'est trouvé plein de points communs et un gros feeling dès le début, et ça a collé.
Justement, le titre " The Love Album" c'est une référence à l'album "Lovage, Music to make Love" de Dan the automator ?
Ben non, en fait je n'ai pas fait exprès. Et puis après je me suis dit, mais oui, c'est vrai que ça colle. Et donc ce n'est pas pour rien que j'ai fait appel à lui. C'est quelqu'un qui a une façon de traiter le son de manière très organique et très physique, et qui allait très bien avec la sensualité de beaucoup de morceaux de l'album. Je n'ai pas fait appel à lui pour rien, c'est un petit clin d'œil à Lovage.
Dans une interview, j'ai lu que vous vous étiez aussi beaucoup inspiré de la B.O. du film "Phantom of the paradise" pour recréer cet univers très seventies...
Oui, pour le son, c'est vraiment une référence pour moi. C'est un des albums, en dehors du film, où je me retrouve complètement dans le son, j'adore. Ca coule dans mes oreilles et Dan aussi adore ce son là. Et ce film, ça faisait encore un point commun. Quand je lui ai dit : voilà si on peut avoir la batterie et le son seventies de Phantom of the paradise. Il m'a répondu, « mais oui, j'adore ça ! ».
Qu'est ce qui vous séduit en particulier dans la musique des années 70?
J'aime vraiment toutes les périodes, des années 30 à aujourd'hui. Je suis une vraie éponge ! Il y a des artistes qui me touchent plus que d'autres, mais j'aime bien prendre et jouer avec tout. J'ai une petite culture folk et psychédélique tout autant que de bons groupes vocaux des années 50-60 que j'adore. Puis j'ai été élevée aussi aux Beach Boys qui sont pour moi une référence incontournable au niveau des chœurs. Et même dans le Cheapshow, dans ma façon de boucler. J'aime vraiment ce coté là des années 60.
De retour à Marseille, la ville où tout a commencé. Vous abordez cette date différemment ?
Oui déjà avec Opossum (son premier groupe), la famille, et plein d'amis que j'ai dans le Sud. A chaque fois que je joue sur Marseille, j'essaye de faire un tour à la Plaine. C'est toujours un plaisir de revenir à ses sources.
Marseille, Capitale Européenne de la Culture en 2013. Quel est votre point de vue sur cette nomination, vos attentes en particulier ?
Sans parler vraiment de Marseille, c'est toujours super pour une ville, ça crée une émulation, une excitation, une envie de sortir pour plein de gens. Donc tant mieux. Ca a fait plein de belles choses pour Lille et ils sont restés justement dans ce foisonnement créatif, même encore aujourd'hui. J'espère que cela apportera ça à Marseille, cette envie de continuer et de faire plein de choses, partout dans la ville.
Est-ce que cela va pouvoir booster la carrière de jeunes artistes, comme ça aurait peut être pu vous servir vous à vos débuts ?
Je ne suis pas sûre que ce genre de manifestations puisse mettre en avant la musique et les jeunes groupes, plus qu'autre chose. Mais bon, j'espère que oui !
Propos recueillis par Jean-Baptiste Fontana
Crédits photo : DR / Kea NOP