Dans « Gravité » tout commence par le chaos, un magma de corps enchevêtrés inertes, puis un tressaillement, et lentement les danseurs s’extraient du sol.
Sans décor - car toute la pièce ne tient qu’aux jeux de lumière, aux corps des interprètes ainsi qu’à leur brio et leur engagement - s’installe une atmosphère captivante.
Les corps se jouent de la gravité, tour à tour envoutants de lenteur ou encore virevoltants et flottants au-dessus du sol. La pesanteur transcende les danseurs et les martyrise en même temps. Cette gravité se fait bourreau de leurs corps révoltés qui cherchent à s’extirper de la masse terrestre et de son attraction perpétuelle.
Quand vient le moment du final, ce n’est plus le sol qui les attire mais une force bien plus puissante, ils s’unissent ne formant plus qu’une seule entité, un atome qui évolue, se transforme sur le mythique Boléro de Ravel.
Séquence onirique et éblouissante où les danseurs solidaires et complémentaires évoluent en symbiose pour ne former qu’une seule entité.
Avec talent, Angelin Preljocaj nous a ramené à l’essence même de la vie.
Anaïs Michelin et Didier Philispart