D’abord il y a le texte magnifique et la langue sauvage d’Anne Sibran, puis l’urgence et la ténacité de la toute jeune Julie Delille pour créer ce spectacle, quasi son premier, poétique et ensorcelant. Une vraie révélation. Il y a sur le plateau une jeune fille abandonnée, élevée depuis toujours comme un animal, dans une forêt d’ombres et de bruits, avec ses règles et ses dangers : choisir ses proies, éviter les prédateurs, défendre un territoire… Elle nous livre son histoire, sa brutalité et ses délicatesses. Un jour un "habitant" la sauve in extremis d’une bataille perdue, la soigne et tente de l’éduquer à la civilisation, ça ne marchera pas… Il y a trois acteurs, pour ainsi dire : Julie Delille, la lumière et le son.
La pièce, toute en clair-obscur, avec des images d’une rare puissance, nous parle d’animalité, de bestialité et de violence. Celle de la nature et celle faite à la nature, aux ordres ou au désordre naturels…